Rjeb Elloumi est un expert comptable heureux : son cabinet est prospère, ses collaborateurs efficaces, ses clients fidèles. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Son temps libre, cet homme pour qui les affaires étaient un moyen de vivre, et non pas un but, le consacrait à des activités associatives. C'est ainsi qu'il s'implique fortement dans le Lion's Club, organisant des forums et des rencontres internationales, des échanges et des conférences méditerranéennes. C'est également ce goût pour l'associatif qui le mène à être vice-président de l'Agence de codéveloppement franco-tunisienne. Et à parrainer, à travers l'Agence, la restauration de Dar Ben Abdallah. Celle-ci dure un an, et change la vie de Rjeb Elloumi. Dans la mesure où, une fois l'opération de restauration terminée, lui avait envie de continuer. «Les gens que j'ai rencontrés, les responsables culturels, les spécialistes du patrimoine m'ont séduit, et donné envie de continuer et de développer le mécénat culturel» Du désir à l'acte, la distance est brève. Aussi Rjeb Elloumi créa-t-il «Tourath», Patrimoine, Association tunisienne de la sauvegarde des musées et sites archéologiques, jeune association qui a pour objectif de contribuer aux efforts de l'Etat et de la société civile dans la préservation du patrimoine national et de développer le mécénat. Vaste programme, et tâche colossale, inscrite dans l'air du temps. Jamais, en effet, le patrimoine et sa préservation n'ont été autant à l'ordre du jour. Et s'attacher à impliquer la société civile et l'initiative privée dans cette croisade est un atout majeur de succès. En fait, c'est d'un autre point de vue que Rjeb Elloumi aborde les choses : car pour lui, il ne s'agit pas seulement de restaurer et d'entretenir les monuments historiques, mais de favoriser aussi les investissements liés au patrimoine avec une approche économique. Et souhaitant voir le patrimoine se défaire de son image négative de fardeau financier, il espère le voir se transformer en source d'investissement et création de richesse. Aussi la première mission que se donne cette association est de rapprocher le monde des affaires de la culture. Une grande rencontre sur le mécénat culturel, récemment organisée, très suivie, donnait le ton. Aujourd'hui, on passe la vitesse supérieure, en proposant des projets concrets, et en plaçant le patrimoine au cœur de projets de développement socioéconomiques et culturels. Il s'agit, aujourd'hui, d'encourager la création de villages touristiques à thème dans les zones limitrophes des monuments historiques, et dont l'architecture devra s'inspirer de la civilisation qu'a connue la région. Deux villages sont déjà conçus, pensés, programmés : un village à l'intérieur des terres, du côté du Kef ou de Kasserine, proche de Hydra, et Sbeïtla. Un autre sur la côte, à Kerkouane. Ces villages reproduiront des architectures puniques, romaines, berbères... Ils comprendront des hôtels, des maisons d'hôtes, des gîtes d'étudiants . On y trouvera des centres de formation aux métiers de l'art et de l'artisanat de la région, des centres de congrès, des espaces commerciaux, des centres de remise en forme.... Pour réussir ce programme ambitieux, pour attirer les investisseurs, pour créer un Fonds patrimoine, car on voit grand, il faut, bien sûr, communiquer. Et pour cela, Rjeb Elloumi crée une revue : Patrimoine et créativité, dont le premier numéro offrira un inventaire, aussi complet que possible, de notre patrimoine, et dont les suivants seront consacrés à chaque région, tour à tour.