Du 27 au 31 décembre, l'Association tunisienne des ressortissants des écoles d'arts dramatiques a organisé une rencontre avec la participation de 170 adhérents et des invités d'honneur de renommée, artistes et académiciens, à l'instar de Jalila Baccar, Mouna Nourredine,Fatma Saïdane, Mohamed Mediouni, Mahmoud El Mejri. En partenariat avec le Festival international de Tozeur, l'association a tracé sa cartographie culturelle dans les périphéries du Sud qui sont à mille lieues de la vie culturelle. Ainsi des spectacles de rue, des mascottes, des toutous géants, des personnages animés, des pièces de théâtre ont jalonné les rues de Nefta, Dguech, Chebika, Tamaghza... et ont apporté la joie aux enfants du désert, à tel point que les larmes ont rempli les yeux des assistants, et que l'artiste Jalila Baccar n'a pu résister à la tentation d'improviser sur scène une composition théâtrale... D'emblée, la rencontre s'est fixé plus d'une finalité. Excepté les intermèdes culturels qu'elle a proposés aux habitants du Sud, l'association a préparé son congrès, afin d'élire son nouveau bureau. De surcroît, des sujets de réflexion et des débats autour du théâtre, du métier d'enseignant, de la culture, de l'art et de la citoyenneté ont marqué la rencontre. Ainsi, entre les convergences et les divergences, les bouches des intervenants étaient en écume... Le premier débat, avec la participation de Jalila Baccar, Fatma Saïdane, Mouna Nourredine, Mohamed Mediouni, plaide pour des réformes concernant la loi qui régit les métiers dramatiques de 1986, afin d'améliorer les conditions du secteur théâtral. Le débat qui s'était déroulé en présence d'un chargé juridique, Me Houcine Abdelkarim, avocat de l'association, a proposé un 1er jet de projets comprenant trois volets : fonder une structure nationale et des sous-structures locales qui se chargeront d'organiser, de surveiller et d'étudier les aides et les subventions, ainsi que les créations proposées ; créer un corps plus ou moins indépendant, qui pourrait être régi par le ministère, et fonder une caisse privée de retraite et de prévoyance sociale à partir de retenues à la source de 15% imposées par les recettes des finances... Par ailleurs, une conférence sur l'enseignement du théâtre dans les établissements secondaires a été présentée par le directeur de l'Institut supérieur d'arts dramatiques, le docteur Mahmoud El Mejri. Les professeurs de théâtre ont étalé leurs problèmes concernant les conditions médiocres auxquelles ils sont confrontés. L'absence d'une salle propice à l'éducation théâtrale dans l'établissement, le manque d'un programme suivi d'instructions méthodologiques, et la carence au niveau des formations pédagogiques sont des entraves qui découragent bel et bien les enseignants ont relevé les participants. Cependant, l'obstacle majeur qui se pose est le dilemme qui déchire les ressortissants de l'Isad, celui de choisir entre le métier d'enseignant au sein du ministère de l'Education, avec toutes ses répercussions négatives sur la personne de l'artiste (alors que le vital oblige !) et le plein dévouement à l'art, à la création, à la scène théâtrale, lieu propice à l'épanouissement et à la délectation de la personne créative... Un dernier séminaire a réuni l'Association des ressortissants des écoles dramatiques avec les associations Hippocampe, représentées par Amara Ghrab et Nadia Ghrab, l'Association Observatoire tunisien de la culture et de la citoyenneté, représentée par le docteur Mohamed Mediouni. Les conférenciers ont traité de la question de l'art et de la citoyenneté. Ainsi, défendre la liberté d'expression et de la création culturelle est le souci majeur et la finalité de ces associations, car il permet à l'individu de se réaliser en tant qu'être humain et par la suite en tant que citoyen. Cependant, selon Jalila Baccar, la citoyenneté ne se réalise pas seulement par l'acquis des droits, mais aussi en répondant aux devoirs.