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Gaspillages, impostures et pillages
Emprise sur l'entreprise
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 01 - 2012


Par Foued ALLANI
Quoique nettement moins prononcé que celui ayant sévi dans les pays d'Amérique latine tout au long de la seconde moitié du XXe siècle, le mal-développement (voir travaux de René Dumont) que connaît la Tunisie depuis son indépendance politique en 1956 et surtout à partir de la décennie écoulée est le résultat de plusieurs causes et facteurs qui se sont accumulés durant la première République (ou monarchie républicaine) de 1957 à 2010.
Sans l'avènement du processus révolutionnaire (14 janvier 2011 - 23 octobre 2011), la Tunisie aurait sombré dans les sables mouvants du vrai mal-développement et aurait ressemblé à ces pays déjà cités.
Analyser ces causes est, de l'avis de tous, la démarche la plus logique à adopter avant de concevoir et de mettre en œuvre un nouveau schéma de développement économique, social et culturel pour notre pays, qui serait sa constitution dans ces trois domaines vitaux et aurait la même importance capitale de la vraie Constitution (voir: «L'auto-analyse, sinon l'autolyse - supp. Economie - La Presse du 11/01/2012).
Il est évident que la Tunisie, en se libérant du joug colonial, a hérité d'une situation très difficile caractérisée par des urgences multiples, mais aussi par un déficit structurel, et en ressources. Loin est donc pour nous de critiquer cette époque avec les outils d'aujourd'hui. La lecture de l'abondante littérature du mouvement national laisse pourtant entrevoir une Tunisie meilleure que celle d'avant la révolution. Une volonté remarquable de construire et de sortir du sous-développement animait à l'époque les élites tunisiennes.
Tout était cependant entrepris sous l'angle du politique avec pour trame la construction de l'Etat et de ses institutions. Le président Bourguiba ayant cherché, même avant la naissance de la République et suite aux crises qu'a connues le mouvement national à partir de 1955, à se donner une seconde légitimité, celle de lancer et de diriger le combat (le mot était voulu) contre le sous-développement appelé aussi le grand Jihad (par rapport au petit Jihad qui avait abouti à l'indépendance) grâce aussi aux sacrifices du «Combattant suprême».
Première imposture, et non des moindres, l'indépendance est le fait du génie du «leader» et non des sacrifices de tout un peuple.
Ainsi, et tout en veillant à ce que l'armée se cantonne dans ses casernes, ce qui était un fait quasi exceptionnel dans les pays en développement à cette époque, Bourguiba a en quelque sorte «militarisé» le pays, dans l'optique de mobiliser toutes les énergies face au sous développement. Il y avait donc le chef d'un côté et les soldats (le peuple entier) de l'autre. Quant aux armes, elles sont fournies par la propagande. Or, et la réalité l'a bien montré, la mobilisation n'a aucun sens ni aucun effet sans l'implication des concernés. Ce qui n'était pas le cas.
Cette primauté du politique et son hégémonie sur toutes les activités du pays a eu, pour conséquence première, la création de l'Etat-président ou seconde imposture. (Le régime présidentialiste officialisé par la Constitution du 1er juin 1959) avec comme principe de base : «l'unité nationale».
Il ne restait plus donc au peuple que de faire confiance à l'intelligence «hors du commun» de son «combattant suprême» et d'attendre les résultats. Ils seront mi-figue, mi-raisin.
Seconde conséquence de l'hégémonie du politique, l'avènement à partir de 1964 de l'Etat-parti et de l'idéologie socialiste. Le dirigisme s'est ainsi ancré dans le pays. Là, le peuple est mis hors-jeu et se sentit complètement manipulé. D'où la perte totale de la confiance dans le politique qui, malgré tout, continuait à conditionner l'économique. Bref était la démobilisation totale (troisième imposture).
Crises à répétition
A peine sorti des années soixante et ses crises à répétitions (1961, 1962, 1963, la sécheresse, le collectivisme, les inondations) et suite à l'abandon du collectivisme (quatrième imposture), le pays va replonger dans d'autres crises, elles aussi à répétition, malgré une bonne pluviométrie au départ et la petite rente pétrolière. Crises plus ou moins profondes qui sont le résultat de l'hégémonie du politique sur l'économie puis du sécuritaire sur celle-ci, auquel viendront s'ajouter divers fléaux dont certains de type mafieux, et qui ont eu pour résultats un formidable gaspillage des énergies et des ressources. De 1970 à 2010, le peuple tunisien a donc vécu un profond stress et des déceptions à répétition qui ont fait qu'il s'est senti colonisé par l'Etat-parti et placé dans une grande prison avec des gardes-chiourmes partout.
Rupture entre la classe politique et l'université en 1971-1972, crise de l'union avortée avec la Libye en 1974 (cinquième imposture), instauration de la présidence à vie en 1975 (sixième imposture), soulèvement populaire réprimé dans le sang fin 1977-début 1978 (septième imposture), attaque armée de Gafsa en janvier 1980, grande déception populaire suite à la falsification des élections pluralistes de novembre 1981 (huitième imposture), procès politiques de 1981, révolte du pain fin 1983-début 1984 (neuvième imposture), crise avec la Libye en 1985 avec renvoi de plus de 30.000 travailleurs tunisiens du pays voisin par Kadhafi, manifestations de 1986 et verdict sans appel du FMI (nécessité impérieuse d'un douloureux réajustement structurel), l'économie du pays étant à genoux, attentats terroristes islamistes d'août 1987…
Après la légère détente suite à la destitution de Bourguiba (dixième imposture), l'Etat-parti va se reconstruire et devenir omniprésent et omni-contraignant, grâce entre autres à une vaste opération de récupération des forces politiques et de la société civile. Première déception, celle ayant fait suite aux élections de 1989, avec pour première conséquence, la mise au pas des médias. Puis crescendo, les évènements violents de Bab Souika et le procès des islamistes en 1991, naissance en 1992 de la mafia présidentielle (l'affaire «couscous connection» en 1992).
A cela viendront s'ajouter le problème algérien puis libyen tout au long des années 90 (avec, malgré cela, des retombées économiques positives indéniables), la volonté de mater la Ligue des droits de l'homme à partir de 1992, développement de l'Etat sécuritaire qui deviendra de plus en plus mafieux, répercussions négatives des événements du 11 septembre 2001 (Etats-Unis), processus propagando-juridique pour instaurer la présidence à vie à partir de 2002 (référendum), attentat terroriste à Djerba, scandale mondial relatif à l'organisation par la Tunisie du Sommet mondial de la société de l'information (Smsi Genève 2003-Tunis 2005), événements sanglants de Hammam-Chatt et Soliman début 2008, soulèvement du bassin minier réprimé dans le sang et étouffé par la désinformation, crise mondiale de 2008, mascarade des élections de 2009, et enfin déclenchement du processus propagandiste pour la réélection du dictateur (prévue en 2014 contre la Constitution) et pour préparer une relève au sein de son clan (énième imposture). Tout cela grâce aux cerveaux machiavéliques et maléfiques qui entouraient le dictateur qui concevaient dans les détails les scénarios servant à asservir le peuple .
Prestige de l'Etat contre «prestige du peuple»
Il est évident que notre pays n'a vécu aucune période de vraie stabilité politique, sociale et économique, lui permettant de bien se construire.
L'hégémonie du politique et du sécuritaire a, par ailleurs, tué dans l'œuf tout développement culturel pouvant aboutir à notre indépendance dans ce domaine vital. Tout y était fonctionnarisé, politisé, «idéologisé». Même les tentatives de sortir de ces moules stériles se retrouvaient prisonnières d'autres idéologies non moins totalitaires (se disant progressites ou taxés de rétrogrades). L'Etat dominait le peuple, et un peuple dominé, tout le monde le sait, ne peut pas réussir.
Durant les deux dernières décennies, on nous riait au nez par une pseudo-stabilité qui n'était que le fruit de la terreur. Entre-temps, la violence sociale et économique atteignait des proportions inquiétantes et la société se voyait en train de se décomposer, sans avoir la possibilité de réagir. Cette inertie a permis à l'oligarchie mafieuse qui dirigeait le pays de signer la faillite des systèmes éducatif, judiciaire, sécuritaire, de santé et de solidarité sociale et d'organiser par là-même le pillage de ses ressources.
Ainsi le régime beylico-colonial a laissé la place à une monarchie républicaine, qui a fini par engendrer un monstre politico-économique et par dégénérer.
Donc point de vraie économie pouvant lutter contre la pauvreté et le sous-développement en général. Notre pays a, hélas, perdu énormément de temps, a raté son progrès agricole, son développement industriel et son essor commercial. En se libérant du colonisateur, il lui est par contre resté culturellement, scientifiquement et économiquement dépendant. D'où le mal-développement que nous avons tous subi et qui a fait perdre à notre société bon nombre de ses repères. Or ce que l'on constate aujourd'hui, c'est que bon nombre de partis politiques représentés à la Constituante défendent des programmes économiques à forte connotation électoraliste pour ne pas dire populiste (nouvelle imposture). Ce qui ne peut que semer le doute sur la libération de l'économique du joug du politique. Dans le prochain billet, nous comptons poursuivre notre lecture des causes de notre mal-développement.


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