La 6e édition du Festival du rire apporte une nouveauté : le gala du rire. Cette soirée spéciale, qui a eu lieu lundi dernier au Théâtre municipal, propose des numéros de plusieurs comédiens et humoristes, dont la plupart ont un spectacle programmé dans la manifestation. Le gala du rire a pris d'autant plus d'envergure qu'il a été retransmis en direct par Nessma TV. Hichem Rostom, qui l'a présenté, a même clôturé la soirée en interprétant, en compagnie de deux danseurs, un poème chanté sur la révolution. Quant au plat principal, il a été panaché avec du rire de différentes couleurs et origines. Un concentré qui a ravi et chatouillé le public, lui faisant oublier, pendant deux heures, le froid de canard à l'extérieur, comme à l'intérieur du Théâtre municipal. La scène, «garnie» d'un grand écran, a accueilli le premier humoriste, Karim Slama, celui qui «cherche encore un titre à son spectacle». Dans son sketch, une petite modification s'impose. Une technique à laquelle d'autres invités de la soirée ont eu recours, tout autant que lui: ajouter quelques phrases pour adapter le spectacle à la Tunisie. Ainsi, Karim, par exemple, a commencé par: «Aujourd'hui, en me baladant sur l'avenue Habib-Bourguiba, j'ai remarqué que les ados sont les mêmes que partout dans le monde», avant de sortir ses blagues plutôt drôles — mais empreintes quand même d'une impression de déjà-vu — sur les adolescents. Dans cette mise en scène signée Jean-Luc Barbezat, le talent prometteur de Slama est bien évident, et surtout, sa maîtrise du jeu théâtral, dont il sait faire usage pour créer des situations burlesques. Slama a ensuite laissé place à Xavier Mortimer, un phénomène de la scène. Son show est un extrait de son spectacle d'une heure L'hombre orchestre. Mortimer y est à la fois magicien, humoriste et musicien. C'est même lui qui compose la musique de ses spectacles. C'est pourquoi il est considéré à lui seul comme un homme orchestre, qui promet beaucoup dans l'avenir. Après sa démonstration, retour au rire pur avec le duo Les lascars. Composé des personnages de Rayan et Steeve, ce duo joue sur l'effet de surprise et sur l'improvisation pour donner au rire un aspect renouvelé. Le public ne put qu'apprécier son jeu spontané et l'aspect comique des situations qu'il crée. Depuis qu'ils passent dans l'émission de Laurent Ruquier sur France 2, ces deux artistes font de plus en plus parler d'eux et franchement, il y a de quoi... Au beau milieu de la soirée, Hichem Rostom annonce le retour de quelqu'un que l'on croyait parti à jamais. «Il a perdu un peu sa voix depuis ses trois derniers discours», dit-il. Le public comprend tout de suite le jeu et crie «dégage». C'est donc au tour de Hédi Oueld Baballah d'imiter le président déchu, un exercice qui lui a valu la prison, dans le passé. Des imitations intercalées de vannes sur les Tunisiens. Une recette infaillible. Après quoi, le retour de Mortimer a annoncé la deuxième partie de la soirée. Amine et Rachid sont montés sur scène après lui. L'un est ingénieur de conduite dans une auto-école, l'autre joue madame Bouaziz, une Tunisienne traditionnelle qui veut apprendre à conduire à sa manière. Amine et Rachid qui traitent, entre autres, de racisme dans leurs spectacles, ont le don de parler simplement, et surtout drôlement, de sujets compliqués. Ce passage de leur spectacle donne envie de voir le reste. En attendant, la soirée s'est poursuivie avec Les Drôles de mecs, des danseurs talentueux qui revisitent les chansons de films et de séries et rejouent à leur manière des clips cultes, comme Dangerous de Michael Jackson. Voilà enfin le dernier humoriste de la soirée. Il s'agit de Titoff, une autre découverte de l'animateur français Laurent Ruquier. Ce Marseillais, à l'humour bien du sud, a interprété un sketch dans lequel il critique une publicité de barre chocolatée, dans laquelle apparaît un célèbre joueur de tennis. Après un entracte avec le jeune rappeur tunisien Emino, Xavier Mortimer est remonté sur scène une dernière fois. Et ce n'était pas fini. Le metteur en scène des Lascars a annoncé que suite à un problème technique qui a empêché Nessma de capter le son, le duo allait présenter de nouveau son show, invitant le public à jouer le jeu. Problème technique ou technique humoristique? Difficile à dire, tant le duo sait manier l'improvisation. Cette note finale a fait son effet, surtout que Rayan et Steeve se sont amusés à modifier quelques passages de leur numéro. Le public aura ,en somme, passé une agréable soirée. Le concept du gala du rire semble avoir gagné son pari et sera sûrement reconduit lors des prochaines éditions. Malgré les prix relativement peu abordables des billets, la soirée a attiré du monde, ce qui prouve que le positionnement du Festival du rire est de plus en plus clair.