Par Hamma HANACHI Un parcours étendu, sa première exposition date de 1961, peintre singulier , non enfermé dans une école, Agostino Ferrari célèbre le printemps arabe à sa façon. Au Centre national d'art vivant, il montre «Signes de Rencontre» (jusqu'au 29 février). Vendredi dernier, il a accompli une performance en compagnie de l'artiste N'Ja Mahdaoui, connu pour son travail sur la lettre arabe. Echanges de vue, préparation théorique, discussion sur le thème, au final, comme une couronne de gloire, une œuvre à quatre mains, exécutée devant un public intéressé. Une deuxième toile de plus de 5 mètres, Ferrari donne le ton : des lignes noires pour diriger, il laisse l'espace de la toile vierge. Instant de vérité : il invite le public à achever le tableau. Belle performance et un acte de partage. Dans ses récentes séries d'œuvres parmi lesquelles Interno-Esterno, Oltri la soglia, au centre des toiles, une entaille profonde apparaît, d'où émergent des signes fins, des particules ciselées, comme un écho qui résonne : murmures et réminiscences du passé. ••• La météo fait toujours la une, la vague de froid continue à provoquer des désastres, hypothermies et morts en Europe, vigilances de grand froid dans les départements de France, des températures polaires en Ukraine, en Pologne et en Auvergne. Aïn Draham est isolée, la route vers l'hôpital de Jendouba est bloquée, des malades sans secours, des familles abandonnées à Babouch et Hammam-Bourguiba, les régions montagneuses manquent de tout, des populations démunies appellent à l'aide. Les organisations et associations de la société civile, celles qui parlent peu et agissent ferme, ont collecté des couvertures, des vivres, des vêtements, etc. Deux caravanes sont parties dimanche vers Le Kef et Thala, deux autres vers les villages de la région de Sousse et de Sfax, et ça continue. Chez ces volontaires, la solidarité n'est pas un discours gélatineux. On ne parle pas assez de la poésie, on n'en parlera jamais assez. Lionel Ray, poète majeur et vivant, théoricien et styliste de haut vol en poésie, lauréat de plusieurs prix dont le Goncourt de la poésie, du Prix de la Société de gens de Lettres etc., président de l'Académie Mallarmé , salué par Louis Aragon, il change de nom ou d'identité, infidèle, Robert Lorho, son nom d'état civil, devient Laurent Barthélem dans l'Invention des bibliothèques. Il a écrit des recueils admirables Matière de nuit, Syllabes de sable ou Partout ici. Entre nuit et Soleil creuse la question de l'identité, thème fondamental de son œuvre sur «je est un autre». Ray poète des mots qui avancent vers le futur«l'avenir m'invente» ou «je suis ce que je deviens», écrit-il, dans Partout ici même. ••• Elle est roseau et ne plie pas sous le coup de vent, toujours debout, militante de la première heure, elle a chanté la révolution avant le 14 janvier 2011. 24 janvier 2012, sortie de son album Kelmti Horra (Ma parole est libre) plein de verve, elle déclare encore son attachement, son dévouement à la révolution, sa voix réchauffe par ces temps de froid. Une belle pochette, visage félin, maquillé, en gros plan à gauche, cheveux en bataille et le regard qui tue. Emel Mathlouthi a le sang chaud dans les veines. ••• Pourquoi, Lionel Ray ici, aujourd'hui? Notre ami et ancien collaborateur à La Presse littéraire, Ridha Bourkhis, professeur de stylistique et de poésie française à l'université de Sousse, vient de consacrer un ouvrage intitulé Lionel Ray, l'intarissable beauté de l'éphémère, préface de Brigitte Buffard-Moret, 158 p.- L'Harmattan. Bourkhis a longuement fréquenté la poésie et autres écrits de Ray. Après lecture, a même envoyé un courrier plein d'éloges à l'essayiste.