TUNIS (TAP) - «Signes de rencontre» tel est le thème d'une exposition/projet de l'artiste italien Agostino Ferrari et du calligraphe tunisien Nja Mahdaoui inaugurée vendredi, au Centre National d'Art Vivant du Belvédère à Tunis. Le peintre Agostino Ferrari présente son travail, pour la première fois en Tunisie, un peu plus d'un an après la révolution et a choisi de «se mettre en jeu» grâce à des collaborations et des rencontres qui lui ont permis lors de cette exposition de présenter ses meilleures oeuvres de grandes dimensions réalisées pendant ces dix dernières années. Fidèle à la peinture acrylique et à la technique sable sur toile avec laquelle Ferrari tente d'explorer les valeurs visuelles, esthétiques et émotionnelles du signe, cette mémoire de la première trace et de la première empreinte de l'homme que Agostino Ferrari a élaboré jusqu'à en faire une véritable écriture. L'attention de l'artiste n'est donc pas tournée vers l'écriture en tant que moyen de communication codifié et partagé, mais à l'écriture en tant que forme qui trouve son sens et sa valeur dans son simple et indéchiffrable don de soi. En témoignent, ses créations originales exposées dont «Interno-Esterno» (2011) et «Oltre la soglia» (2010). D'un autre coté, Nja Mahdaoui, l'un des plus grands calligraphes et dessinateurs du Monde arabe a exposé ses sublimes calligraphies: sur verre, sur papier ou toile et aussi sur papyrus, tissus, édifices et décorations à l'échelle urbaine. Cet artiste visuel est un explorateur des signes. Il fut décrit comme « un chorégraphe des lettres». Son travail, inspiré de la calligraphie arabe est innovant étant donné sa dimension esthétique qui met en évidence un sens poétique, hautement rythmé, captivant avec ses riches composantes abstraites, où les idées et les concepts sont imbriqués ingénieusement à travers le choix des matériaux. Les deux artistes qui ont des bases culturelles et techniques très différentes ont réussi à élaborer une performance artistique et originale à quatre mains sur une même toile ayant pour thème «signes de rencontre». Par ailleurs, les visiteurs et les jeunes artistes à cette exposition ont été invités à opposer un signe, un graffiti, un écrit, une image ou une trace sur une grande toile (500X120cm), installée au hall du Centre que Agostino Ferrari a volontairement laissée «ouverte», inachevée afin qu'elle puisse être finie grâce au partage d'expériences de vie et de gestes que le maître italien est en train de proposer aujourd'hui, de manière symbolique, à la Tunisie tout entière. Le projet « signes de rencontre» prévoit cependant un autre protagoniste Matteo Bernardini (Turin) jeune et brillant metteur en scène, qui se chargera de documenter tous les passages du travail de Agostino Ferrari à Tunis en réalisant également une série d'interviews et en interprétant la réalité artistique locale, vivace et, naturellement, la performance avec Nja Mahdaoui afin de réaliser un film documentaire qui sera présenté en Italie au printemps prochain. Ce projet sera complété par la réalisation et la publication d'un cahier-catalogue bilingue (Italien et Français) contenant des matériaux qui seront produits et repérés in situ au cours de la réalisation de ce projet et de l'exposition.