Alors que plusieurs de nos compatriotes continuent de grelotter sous un froid sibérien et des vents catabatiques du côté des régions du Nord-Ouest tunisien, certains « biens au chaud » nous proposent, en ce début 2012, un calendrier jalonné de meetings populaires animés par des prédicateurs en provenance d'un pays où les lames de rasoir ravagent les fleurs intimes des descendantes de Cléopâtre ! Une semaine avant le débarquement du prédicateur sulfureux, Wajdi Ghanim, nous avons appris que, prochainement, le doux Amr Khaled fera guichets fermés sous nos cieux ! Comme si les descendants de l'érudit Ibnou Khaldoun et du théologien Mohamed Fadhel Ben Achour étaient dans la nécessité de retrouver les chemins de la sainteté à travers des paroles parfois venimeuses à l'image de celles de Ghanim «Bacha» qui, à chaque occasion, n'a cessé d'encourager l'excision : mutilation d'une partie du tissu biologique de l'anatomie génitale féminine poussant même à une clitoridectomie (ablation du clitoris de la femme). Une pratique proche de celle d'un « vaudou » haïtien et illégale dans la plupart des pays du monde, mais toujours d'actualité dans des pays comme l'Egypte, le Soudan et ceux de la Corne de l'Afrique. Or, au lieu de faire appel à des économistes éminents ou des sociologues de renommée internationale pour organiser des meetings dans nos universités et proposer de nouvelles alternatives à une économie en chute libre, chez-nous, dans nos antres du savoir, on débat depuis belle lurette du niqab (voile intégral) et, désormais, d'excision. Pauvre Tunisie ! Les mois précédant les élections parlementaires égyptiennes, Kamel Jendoubi et ses collaborateurs de l'Isie faisaient des « aller-retour » au Caire dans le but de renforcer les échanges dans la perspective d'un scrutin clean et transparent. Aujourd'hui, le cheikh Ghanim et ses hôtes sillonnent le pays tout en semant derrière eux plus de haine que d'amour. Telle une traînée de poudre, la polémique ne cesse d'enfler autour de la visite de ce prédicateur égyptien et ses discours appelant à la division plus qu'à l'union, au moment où nos frères à Aïn Draham et Ghardimaou subissent le froid et le manque d'approvisionnements. De Tunis et passant par Mahdia et Sousse, la « Dégage attitude » est ressortie de son hibernation pour rappeler à cet individu aux idées moyenâgeuses que les hommes et les femmes libres de la nouvelle Tunisie ne sont pas prêts à faire une marche arrière d'un demi-siècle. Comme quoi, avec le tollé provoqué par les défenseurs de la dignité et des droits de l'Homme, la tournée exceptionnelle de ce prédicateur islamiste s'est transformée en visite qui peut être qualifiée d'«excisionnelle» ! Assurément, le peuple exige, désormais, de la part de notre gouvernement des mesures rapides pour combattre la misère et le chômage au lieu d'autoriser des organisateurs de meetings à faire appel à des démagogues censés prêcher la bonne parole mais qui restent impuissants, dans leur pays, devant des militaires, capables de tabasser une femme voilée au point de dévoiler son « Blue Bra » (soutien-gorge bleu). A exciser, n'est-ce pas, Monsieur Ghanim ?