Créé en 2005 par le comédien Mohamed Ali Ben Jemaâ, l'espace El Makhzen se consacre souvent à des formes de culture alternative, accueillant des manifestations de jeunes artistes nourris par la culture hip-hop underground. Ainsi, depuis le 5 février et jusqu'au 5 mars, l'espace propose une exposition de graffitis réalisés par des jeunes étudiants des beaux-arts à qui Daly a fourni les matériaux. Le résultat est assez impressionnant. Les œuvres calligraphiques de grande dimension, couvrant les cimaises, révèlent le talent prometteur de ces nouveaux artistes de la rue. Cette exposition entre dans le cadre d'une grande manifestation organisée en partenariat avec le service culturel de l'ambassade américaine. Parallèlement à cette exposition, deux workshops ont permis aux élèves de l'école du quartier de Bab Souika (makteb El Biga) de s'initier d'une part au hip-hop, atelier animé par le rappeur Phénix, et, d'autre part, aux techniques de graffitis, atelier dirigé par le taggeur américain Jesse ainsi que Kim et Va-Jo. Par ailleurs, il est prévu un documentaire de 26 minutes retraçant le processus de production de cette performance qui a regroupé cinq des meilleurs graffiteurs tunisiens et américains que Mohamed Ali Ben Jemaâ qualifie de «nouveaux poètes». Pendant quelques jours, Bab Souika aura donc vécu avec le rythme d'El Makhzen qui a pris l'initiative de mettre sous le même toit des artistes peintres, rappeurs, photographes et vidéastes de différentes nationalités, afin d'assurer une formation aux enfants, ainsi qu'une occasion d'échange de connaissances entre artistes, chacun dans son domaine. El Makhzen, à l'origine un abri de «krarti» (charretier) maltais, en l'année 1884, transformé en une galerie d'art, est une initiative personnelle qui a abouti, malgré un budget très limité, grâce à la volonté de son initiateur. Il a abrité entre autres une exposition permanente d'affiches de films tunisiens ainsi qu'une exposition de photographies sur la révolution tunisienne. Cet espace de rencontres et d'échanges a réussi, à chaque fois, à créer l'événement dans un quartier autrefois célèbre par le groupe d'artistes «Taht Essour». El Makhzen ouvre également ses portes aux médias et se transforme en un plateau de tournage télévisé pour des émissions de plusieurs chaînes télé tunisiennes et étrangères (Turquie). Parmi les projets futurs, la création d'un club de formation en percussion destiné aux jeunes amateurs de ces instruments, un club de rencontres d'artistes dans tous les domaines sous le nom de «Taht Essour» et un théâtre de poche. Mais cela nécessite restructuration et agrandissement de l'espace et un soutien financier de la part de sponsors pour que Bab Souika retrouve son prestige culturel d'antan et devient un pôle de l'activité culturelle dans la capitale.