Comment Ben Ali est-il arrivé au pouvoir ? Pourquoi s'est-il enfui ? Qu'est-ce qu'une révolution ? Les réponses sont peut-être banales pour un adulte. Mais elles restent moins évidentes pour les enfants. Pour expliquer les faits, un auteur, Mehrez Zribi, a eu l'idée de raconter un conte en cinq épisodes, intitulé Le rat qui était roi de Tounissabad. Les noms des personnages se rapprochent de la réalité. L'intrigue résume les événements écoulés. Quant à la morale de l'histoire, elle n'est autre que les paroles du poète Chebbi, fils de Tounissabad : «Lorsque le peuple un jour veut la vie, force est au destin de répondre oui. Les ténèbres doivent se dissiper et les chaînes doivent se briser». L'histoire commence avec le règne d'un lion Bourgkhane qui a réussi à faire éloigner, avec ses amis, jeunes lions de Tounissabad, une bande de lions qui venaient d'autres terres lointaines. Une fois, sur le trône, le roi a cherché à construire une société des animaux modernes. «Il avait compris que, pour protéger Tounissabad, encore bien fragile et sans richesse, il fallait miser sur la matière grise de ses troupeaux», écrit Mehrez. Les années ont passé, et le jeune Bourgakhane avait beaucoup vieilli. Croyant se protéger du danger, il s'est entouré de chacals et d'hyènes. Tounissabad est devenue une proie facile pour tous les voleurs. C'est à ce moment-là qu'un rat militaire nommé Zabashan entre en scène. Tous les animaux applaudirent l'arrivée au pouvoir de ce rat, espérant la délivrance. Une fausse démocratie a été instaurée. Tous les opposants ont cru à ce changement. Même le tigre Ghanchan, chef du groupe des barbarous, longtemps en fuite dans la forêt, faisait partie de la fête. Entre-temps, le rat a rassemblé derrière, tous les chacals et les hyènes, qui entouraient le roi lion, ainsi que des rats espions qui se faufilaient dans les troupeaux pour guetter tous les mouvements suspects. L'opposition a été de nouveau éliminée. Mehrez raconte comment Zabashan a géré ses terres, comment il a partagé les tâches entre les rats espions, les hyènes qui font peur et les perroquets chargés de la communication, Comment il a hypnotisé les troupeaux par les combats de béliers. Tounissabad est devenue la terre du bonheur éternel. Ce qu'il lui manquait, c'était l'amour. Zabashan est tombé amoureux de Leïlamouch, originaire d'une famille nombreuse de rats sauvages et très pauvres, les Trabelishs. Mehrez a relaté, d'une manière originale, cet amour fatal et ces relations dangereuses. «Mais cette fois, ces troupeaux vont-ils accepter l'arrivée de l'ancienne tondeuse de brebis, reinerate au pouvoir?», s'est demandé l'auteur. Soudain un ras-le-bol a mené un agneau à mettre le feu à son corps. Le choc. Des troupeaux sont sortis bêlants des slogans hostiles : un seul mot était sur les lèvres «Dégage». Zabashan, Leïlamouch, les Trabelishs, ainsi que leurs rats, leurs chacals, leurs hyènes sont jetés dehors... Fin heureuse et optimiste. Mehrez Zribi a su donner une version de l'histoire autant passionnante qu'amusante. Son conte mérite d'être raconté aussi bien aux enfants qu'aux adultes. Il peut être aussi transmis d'une génération à une autre «comme une leçon à tout roi qui cherche à abuser de son peuple», note-t-il encore. Très beau conte.