Par Jawhar CHATTY Enfin une bonne nouvelle, ou presque, pour l'économie nationale. Une bonne nouvelle qui reste toutefois tributaire de la capacité du gouvernement à contenir, notamment, le déficit budgétaire à... bien moins de 6% en 2012. L'agence de notation Fitch Ratings serait en effet disposée, à cette condition, de réviser sa note souveraine attribuée à la Tunisie. Une telle décision, si elle venait à être confirmée, dégagera relativement pour le pays les horizons du concours et de la mobilisation, à moindre coût, des ressources financières sur le marché international. Il y a tout juste un an, l'agence de notation Fitch Ratings avait abaissé de «BBB» à «BBB-» la note de défaut émetteur à long terme en devises attribuée à la Tunisie. L'agence avait, à l'époque, avancé que la dégradation de la note souveraine de la Tunisie reflète les incertitudes concernant la stabilité et la politique économique durant une période de transition politique difficile. Les donnes avaient-elles depuis à ce point changé pour que Fitch soit amené à réviser son scoring et le capital-risque de la Tunisie ? Rien n'est moins sûr. Au-delà du fait que la crédibilité des agences de notation internationales soit constamment remise en question, la dépréciation ou l'appréciation d'une note souveraine d'un pays répond aujourd'hui à des critères qui transcendent la réalité d'une économie pour s'inscrire dans une sphère beaucoup plus large qui tient compte non seulement de la conjoncture économique mondiale, mais aussi des perspectives et des mutations économiques à l'échelle régionale. Si, vaille que vaille, la machine productive est aujourd'hui en marche et si les voix de la contestation sociale se font un peu plus discrètes et surtout plus responsables, rien ou presque, en matière de gouvernance économique et budgétaire du pays, ne porte à l'espérance ! Comment, en effet, soutenir la détermination du gouvernement à maîtriser le déficit budgétaire alors même que les cours de l'énergie sur le marché mondial connaissent un renchérissement sans précédent et que l'euro s'échange désormais à deux dinars ? A moins de revoir ses ambitions à la baisse en termes de croissance, de création d'emplois et de dépenses publiques, l'issue de sortie pour l'actuel gouvernement serait de tenir un langage de vérité responsable et pragmatique. La rigueur n'est pas un mot tabou. Pour peu, encore une fois, que le gouvernement sache définir une bonne échelle des priorités. La marge de manœuvre du gouvernement est à cet égard relativement faible, tiraillé qu'il est entre des promesses, à raison justifiées, en matière d'emplois, de justice sociale et de développement régional, et un respect de la stabilité des fondamentaux macroéconomiques. Des fondamentaux dont la violation est considérée comme un sacrilège par les agences de rating et par les institutions financières et monétaires internationales. Bien sûr, ce Rubicon ne risque pas d'être franchi. Mais cette éventualité n'est pas non plus à exclure. Le gouvernement devra à cet égard développer une démarche pragmatique et avoir cette lucidité d'éviter tout risque de fuite en avant. Il y a lieu, à ce titre, d'espérer que le texte de la loi de finances complémentaire soit essentiellement marqué de cet esprit. Les amis de la Tunisie devraient aussi faire montre d'une plus grande et d'une réelle réactivité face aux défis qui se posent à l'économie nationale.