Les événements qui se sont succédé durant le mois dernier ont eu l'effet d'une boule de neige dans la sphère médiatique et dans celle de la société civile, solidaire avec les journalistes. Des agressions contre des journalistes, emprisonnement d'un directeur de journal, des déclarations explosives, des appels de détresse lancés par les journalistes violentés, des communiqués de condamnation de la réaction du gouvernement, etc. La succession des faits a bloqué les issues d'une situation très critique de la liberté de presse. Actuellement, le Syndicat national des journalistes tunisiens a décidé d'observer une pause pour mieux réfléchir... Personne ne peut nier la mauvaise option prise par le gouvernement dans son traitement de la crise qui l'a opposé aux journalistes. Des journalistes qui endurent depuis l'ancien régime des agressions qui continuent sous d'autres formes mais qui, finalement, ont le même objectif : limiter le champ des libertés d'expression et de la presse, pour ne pas dire mettre la main sur les médias et les mettre sous sa coupe à des fins politiques. Bref, l'ambiance a chauffé spécialement au mois de février, comme c'était le cas il y a an, c'est à dire quelques jours après le 14 janvier. Le Syndicat national des journalistes tunisiens, première instance défendant les journalistes agressés, semble prendre une nouvelle option dans son processus de défense des intérêts de ses adhérents. En effet, après ses condamnations répétées et appels de détresse, soutenus par la société civile, le Snjt a décidé d'observer une pause pour réfléchir, avec ses différents partenaires, sur la question en vue de prendre les décisions idoines. Au lieu de lancer une grève générale aujourd'hui, comme il était convenu le week-end dernier, le syndicat a décidé de tenir une assemblée générale exceptionnelle demain pour consulter ses adhérents, les journalistes. Selon le membre du bureau exécutif du Snjt, Zied El Heni, cette assemblée est une première étape dans un processus de réflexion qui comporte aussi une réunion ce week-end ou un peu plus tard, avec les partenaires du syndicat. Ces derniers sont : l'association des directeurs des journaux, le syndicat général de la culture et de l'information, relevant de l'Ut, ainsi que le syndicat des directeurs des entreprises de presse. «La dernière étape de ce processus de réflexion sera une réunion du bureau exécutif du Snjt avec des composantes de la société civile qui soutiennent la liberté de la presse à l'instar de l'Ut, la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme, la Confédération générale tunisienne du travail (Cgtt), l'Association tunisienne des femmes démocrates, l'Association des femmes tunisiennes universitaires pour la recherche et le développement, etc. Cette réunion aura lieu la semaine prochaine», enchaîne le membre du bureau du syndicat. Cette réflexion portera sur les prochaines initiatives du syndicat. Zied El Heni précise : «L'assemblée générale exceptionnelle analysera les possibilités envisageables par rapport à la situation actuelle, dont notamment la grève générale. Cependant, je crois, qu'il y aura une graduation dans la réaction contre ce qu'endurent les journalistes. Il se peut qu'on décide de boycotter, dans un premier temps, la conférence de presse hebdomadaire du gouvernement. C'est qu'il faut procéder à une série d'actions qui auront leur poids et qui pourront passer le message que les journalistes veulent exprimer. Dans ce sens, l'éventualité d'organiser une grève générale est à étudier sérieusement». La «pause» qu'envisage le Snjt est plutôt une pause stratégique pour voir la réaction du gouvernement, ce en attendant les résultats de l'enquête ouverte sur les dernières agressions contre les journalistes et qui ont eu lieu à l'avenue Bourguiba. De même, elle servira au syndicat pour qu'il puisse réunir un maximum de «partenaires» ou sympathisants à la cause des libertés d'expression et de la presse, ce qui rendera sa position forte et pesante...