• En possession de photos et d'enregistrements vidéo des agresseurs, le Syndicat national des journalistes tunisiens annonce qu'il déposera une plainte «contre le ministre de l'Intérieur et tous ceux qui se révèleront impliqués». Pour sa part, le ministère de l'Intérieur précise qu'une enquête est ouverte et invite les journalistes à «porter des dossards distinctifs pour les différencier des fauteurs de troubles, lors des manifestations ou des marches» Outre les journalistes Najoua Hidri, Soufiane Hamdaoui, de la chaîne nationale, Héla Dhaouadi, de la chaîne Hannibal, et Seifeddine Amri, qui ont été agressés verbalement et physiquement par des manifestants, vendredi devant le siège de la télévision nationale, une dizaine d'autres journalistes ont été violentés samedi par les forces de l'ordre, et ce, lors de leur couverture de la marche pacifique de l'Ugtt et d'un certain nombre d'ONG. Le secrétaire général du Snjt, Mongi Khadhraoui, précise que «dix journalistes de Shems FM, Radio Kalima, Attarik Al Jadid, Achourouq, Arab-on-line, ou encore Al Hiwar Attounssi ont été agressés par les agents de la sécurité intérieure. Certains confrères, à l'instar de Mouna Bouazizi de Dar Al Anwar l'ont été devant les locaux mêmes de leurs médias». Pour sa part, le membre du bureau exécutif du Snjt, Zied El Heni, précise: «Plusieurs journalistes ont porté plainte dans ce sens et ont présenté des certificats médicaux constatant les dommages corporels subis». Le Snjt a publié, samedi, un communiqué dans lequel il condamne les agressions physiques et morales perpétrées contre les journalistes qui couvraient la manifestation organisée par la centrale syndicale, l'Ugtt. Dans son communiqué, le Snjt, disposant de photos et de séquences vidéo à l'appui, annonce qu'il déposera une plainte contre les auteurs des actes de violence. De même, il demandera au ministère public «de poursuivre le ministre de l'Intérieur et tous ceux qui se révèleront être impliqués». Le bureau affirme que «les agressions répétées des journalistes entrent dans le cadre d'une stratégie visant à mettre la main sur les médias et à reproduire le scénario de l'oppression novembrienne exercée par le dictateur Ben Ali». De même, il qualifie ces agressions de «honteuses» pour ce qu'il appelle «la police de l'oppression» qui, selon lui, «n'a pas hésité à agresser le peuple lors de la révolution de la liberté et de la dignité». Le syndicat appelle dans son communiqué le président et les membres de l'Assemblée constituante à condamner ces agressions et à prendre des mesures strictes sur la question. Aussi, il appelle le président de la République, le chef du gouvernement et le président de la Constituante à assumer «leurs responsabilités historiques dans la protection des droits et des libertés». Le ministère de l'Intérieur renvoie la balle En réponse aux condamnations du Snjt, le ministère de l'Intérieur a, lui aussi, publié un communiqué dans lequel il précise que la marche organisée par l'Ugtt samedi «s'est déroulée dans des conditions normales». Il a indiqué, d'autre part, que «des groupes de manifestants ont décidé, vers 15h00, de se rassembler devant le siège du ministère de l'Intérieur pour scander plusieurs insultes et propos offensants envers les cadres et les agents du ministère qui ont quand même gardé leur sang-froid». Selon le communiqué, «la persistance de certains éléments à insulter et à lancer des projectiles contre les agents et les passants, ajoutée aux protestations des commerçants de l'avenue Habib Bourguiba contre les dégâts occasionnés, ont obligé les forces de sécurité à sommer les manifestants de se disperser, avant de recourir, devant leur refus, aux gaz lacrymogènes». Concernant les accusations d'agression de journalistes, le ministère a annoncé qu'une «enquête sera ouverte pour identifier les auteurs de ces actes». Le ministère de l'Intérieur a indiqué aussi qu'il veille à la protection des journalistes et à leur assurer les conditions nécessaires à l'exercice de leurs fonctions. Dans ce sens, le ministère invite les journalistes à «porter les dossards distinctifs pour les différencier des fauteurs de troubles». Zied El Heni, membre du bureau exécutif du Snjt, précise, pour sa part, que «plusieurs journalistes parmi ceux qui ont été agressés portaient des dossards avec l'indication «Presse», et pourtant, affirme-t-il, ils ont été tabassés. Bien qu'Aymen Rezgui, membre du bureau du syndicat, ait décliné son identité, les agents de l'ordre n'ont pas hésité à l'insulter. D'autres journalistes et bien qu'ayant montré leurs cartes professionnelles ont subi le même sort. Je tiens à préciser que les agresseurs sont des agents de la sécurité portant leurs uniformes et des jeunes en civil armés de bâtons. L'on se demande si ces jeunes font partie du corps sécuritaire ou d'une milice? Ces derniers ont été remarqués lors de plusieurs manifestations de protestation contre les médias». Selon lui, il faut appliquer l'article 14 de la loi n°115 promulguée le 2 novembre 2011 et qui stipule qu'est «considérée comme agression sur un agent public et sanctionné par le code pénal, toute agression ou même menace contre un journaliste».