RAMALLAH, Cisjordanie (Reuters)‑— Le Président palestinien Mahmoud Abbas annonce qu'il sera reçu ce mois-ci à Washington par son homologue américain Barack Obama, avec lequel il évoquera le processus de paix. Samedi, la Ligue arabe a entériné une proposition des Palestiniens de mener quatre mois de négociations indirectes avec Israël, sous médiation américaine. Ces négociations auraient dû débuter en mars mais elles ont été reportées après l'annonce par Israël d'un projet de constructions pour des colons juifs en territoire occupé, près d'Al Qods. Dans une interview publiée hier par le journal palestinien Al Ayyam, Abbas dit qu'Obama s'est engagé à ne tolérer "aucune mesure provocatrice d'où qu'elle vienne". "Ils nous ont invités pour tenter de faire avancer le processus de paix", dit Abbas, sans préciser la date de sa visite à Washington. De nombreux observateurs doutent que la relance des efforts de paix réussisse après l'échec de plusieurs années de diplomatie. La dernière rencontre d'Abbas avec Obama remonte à septembre, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, à New York. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, assistait aussi à la réunion, dans le cadre des efforts déployés par le Président américain pour relancer le processus de paix. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré vendredi qu'elle espérait que les "discussions de proximité" débuteraient cette semaine, sous la médiation de l'émissaire américain George Mitchell. Gel des constructions Des responsables de l'Organisation de libération de la Palestine ont indiqué que le comité exécutif de l'OLP se réunirait probablement dans les prochains jours pour donner son feu vert, ce qui devrait permettre à Mitchell d'arriver dans le courant de la semaine. "Il semble que la situation bloquée soit en train de se débloquer", a déclaré à des journalistes à Al Qods le Président israélien Shimon Pérès. Abbas exige depuis longtemps le gel par Israël des constructions dans les colonies juives avant toute reprise de négociations et il a jugé insuffisant le moratoire temporaire décidé en novembre par Netanyahu en Cisjordanie. Netanyahu s'est engagé à ne pas arrêter les constructions de maisons pour les juifs à Al-Qods-Est. Mais après avoir irrité Washington en annonçant en mars un projet de construction de 1.600 maisons pendant une visite du vice-président américain Joe Biden, Israël n'a pas approuvé de nouvelles constructions pour des Juifs à Al Qods-Est, ce qui est considéré par certains hommes politiques israéliens comme un gel de fait. Israël s'est emparé d'Al Qods-Est ainsi que de la Cisjordanie et de la bande de Gaza lors de la Guerre des Six-Jours, en 1967, et il considère Al Qods réunifiée comme sa capitale une et indivisible, bien que l'annexion d'Al Qods-Est ne soit pas reconnue par la communauté internationale. Les Palestiniens veulent faire d'Al Qods-Est la capitale de l'Etat qu'ils entendent établir en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Abbas a souligné que les Palestiniens n'avaient rien à craindre de la promesse d'Obama de ne rien tolérer qui puisse compromettre le processus de paix. "Nous l'avons accepté parce que, de notre part, il n'y a aucune provocation", a-t-il dit. Il a affirmé que les accusations de certains Israéliens affirmant que l'Autorité palestinienne avait incité à la violence contre Israël étaient dénuées de tout fondement. Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, est cependant revenu sur ce thème hier dans une interview à la radio de l'armée israélienne en demandant aux Palestiniens d'"arrêter ces terribles incitations". Il a affirmé qu'Israël ne s'était en rien engagé à arrêter les constructions à Al Qods. "Aucun engagement n'a été donné et aucun ne sera donné", a-t-il dit.