«Un Etat civique », «Un Etat citoyen», «Citoyenneté et égalité », « Un Etat de droit, « Non à la polygamie », «Non à la tutelle des Etats-Unis et du Qatar », « Une Tunisie unique, une Tunisie plurielle », « Le travail est un droit » sont autant de slogans scandés, hier sur l'avenue Habib-Bourguiba de la capitale, par les milliers de Tunisiens qui se sont rassemblés pour célébrer ensemble la fête de l'Indépendance. La marche organisée à l'initiative de certains partis et autres représentants de la société civile dont l'association « Femmes et dignité », le mouvement «Kollna Tounès », le Parti socialiste de gauche, le Mouvement des patriotes démocrates et l'Association tunisienne des femmes démocrates, a brassé un nombre considérable de Tunisiens, des jeunes et des moins jeunes aussi se sont donné rendez-vous pour crier leur inquiétude quant aux menaces qui pèseraient sur les valeurs libérales et démocratiques de la Tunisie. « Nous sommes venus pour répondre à la manifestation de vendredi dernier devant l'Assemblée constituante au Bardo et qui avait pour objectif d'invoquer l'adoption de la charia comme source principale de la Constitution », relève un participant. Les manifestants ont voulu célébrer la fête de l'Indépendance en rappelant les principes qu'ils veulent instaurer en la Tunisie de l'après-14 janvier. Une Tunisie ouverte, libre et démocratique, les voix se sont, donc, élevées contre l'obscurantisme et les esprits rétrogrades de certains mouvements qui veulent « anéantir le rôle de la femme au sein de la société», souligne Sarra. Nombreuses sont les femmes qui ont pris part à la marche, qui partagent l'avis de Sarra et qui se disent fermement décidées à protéger leurs droits. Une autre participante, membre de l'association « Femmes et dignité », relève que cette marche était une occasion pour rappeler les principes fondamentaux de la Tunisie et les valeurs qui unissent les Tunisiens quelle que soit leur appartenance politique. Chokri Belaïd, leader du Mouvement des patriotes démocrates (Watad), souligne pour sa part que cette marche veut mettre exergue deux points essentiels. «Dire que la Tunisie avec ses symboles et ses particularités ne peut guère être partagée et que c'est la maison où nous devons tous cohabiter», note-t-il, ajoutant que c'est aussi une occasion pour attirer l'attention sur la menace qui commence à peser sur la Tunisie, notamment pour tout ce qui est acquis par le peuple et ce qui touche les objectifs et les aspirations de la révolution. Au gré de la marche, de petits groupes se formaient, on se saluait et on discutait, certains, n'étant pas d'accord avec les appels de la foule, critiquaient tout bas les slogans lancés. Au-delà de sa portée politique, la marche du 20 mars a permis à des milliers de Tunisiens de célébrer ensemble une fête qui leur est chère. Celle de l'Indépendance et de la lutte pour la dignité et la liberté.