Le joueur et son entourage sont peut-être à l'heure des choix. Pourvu qu'ils fassent le bon! Youssef Msakni est assez fort dans sa tête. Du moins par rapport à la moyenne des joueurs tunisiens qui disjonctent à la moindre alerte. A ce mérite s'ajoute sans doute celui de son père, Mondher (ex-grand joueur au COT et au ST) et son président, Hamdi Meddeb, qui font tout pour que le joueur garde la tête bien sur les épaules. Et, croyez-nous, ce n'est ni facile ni évident pour ce jeune talent qui vient à peine de dépasser les 21 printemps et qui est sollicité par une véritable armée d'apprentis sorciers qui lui font miroiter des transferts improbables dans les plus grands clubs d'Europe. A commencer par son ex-entraîneur qui veut se faire passer pour «l'envoyé très spécial» du patron du PSG et d'Al Jazira Sport, Naceur Khélif. En passant par de vrais-faux agents qui veulent rafler la mise et qui lui tournent autour comme des vautours. Pour finir avec les habituels scribouillards qui le destinent aux grosses écuries de l'Hexagone. Entre manœuvres, vœux pieux et intox, il y a toute cette totale ignorance des mécanismes du marché des transferts. Un marché qui obéit à des règles précises, même si tout se joue dans les coulisses. Mais procédons par ordre. Il n'est pas encore parti… Que Youssef Msakni soit un joueur de grand talent, personne ne peut le nier. Comme personne ne peut nier l'évidence : Youssef n'est pas encore parti et, s'il est encore là, c'est logiquement pour deux raisons. La première est qu'il n'a pas été sollicité, la seconde est qu'il y a eu offres mais qu'elles n'ont pas été du goût du joueur et du club. Les deux sont sans doute vraies. La deuxième remarque à faire et à méditer, c'est que Youssef Msakni était il n'y a pas longtemps un des protagonistes de la Champions League et de la CAN. Et que s'il avait tapé dans l'œil des recruteurs des grands clubs, ces derniers le lui auraient fait savoir à lui et à son club, l'Espérance. Or, nous savons que Youssef Msakni n'a pas été dans les tablettes de ces grands clubs. Ignorance de la part de ces grosses écuries ? Bien sûr que non, et il faudra sans doute revenir à tous ces critères qui font qu'un grand club décide de recruter un joueur et où le talent n'est qu'un élément, parmi tant d'autres, pour accomplir le grand saut. Le dernier point que nous voulons aborder concerne l'avenir professionnel de Youssef Msakni et les choix qu'il doit faire. Le premier, bien sûr, est qu'il soit bien conseillé afin de faire le bon choix et de ne pas se perdre comme tant d'autres joueurs tunisiens. Le choix sportif avant tout! Et le bon choix est tout d'abord sportif. Soyons clairs et francs à la fois : quand bien même il a du talent, Youssef Msakni n'est pas prêt à jouer tout de suite dans un grand club. Et même si, par chance, il devait atterrir dans une grosse cylindrée, il risque fort de se retrouver sur le banc. Ce qui n'est pas l'idéal pour un jeune joueur de 21 ans qui doit jouer. Youssef peut même se retrouver en prêt dans un club mineur où il ne pourrait pas s'exprimer et progresser. L'idéal? Qu'il signe pour un club moyen, au bon profil, où il pourrait être titularisé et progresser. Certains diraient alors : et l'intérêt de l'Espérance? L'intérêt du joueur et celui de l'EST sont parfaitement liés et ne sont, en tout cas, pas contradictoires. En acceptant de faire signer Msakni pour un club moyen et pas pour les sommes fantaisistes qui circulent en ce moment, l'Espérance peut bien introduire une clause qui protégerait ses droits au cas où le joueur partirait par la suite pour un grand club. De la sorte, il y gagnerait doublement. Tout comme le joueur, du reste. Morale de l'histoire : nous avons tous envie de voir Youssef Msakni partir et briller sous d'autres cieux, mais nous avons également peur qu'il ne fasse pas le bon choix. Cela sachant qu'à l'arrivée et au départ, tout revient au joueur qui doit faire preuve de sérieux et de discipline pour pouvoir atteindre ses objectifs. Le haut niveau, ce n'est pas le championnat tunisien, peinard et pépère. Surtout pour un attaquant. L'exemple, aujourd'hui, c'est Aymen Abdennour. Voilà un joueur qui a beaucoup bossé, qui a attendu son heure à l'Etoile, en équipe nationale puis à Toulouse et qui est aujourd'hui objet de désir de grands clubs, dont Arsenal. Où ira donc Youssef Msakni et quelle carrière à l'étranger? Il aura besoin de sa tête et de ses jambes pour écrire la prochaine page de sa jeune vie sportive.