• Remédier, enfin, à l'absence de transparence et de coordination fiable entre le ministère de l'Education et le syndicat général de l'enseignement secondaire. Le rapprochement des conjoints dans le système éducatif demeure, encore, une gangrène pour bon nombre de foyers. Vivre en aparté, loin de sa famille et de ses enfants, revêt chez certains enseignants une besogne difficile à assumer. La saison des mutations constitue pour certains un soulagement. En revanche, elle ne fait qu'accentuer le sentiment de frustration et de déception de ceux qui, année après l'autre, déposent toutes sortes de demandes, s'appuyant tantôt sur des arguments sanitaires, tantôt sur des raisons sociales, pour la justifiacation d'un droit pourtant évident et surtout humain, celui de vivre au sein de sa famille. Si la solution la plus évidente et la plus pratique consiste en l'emplacement des enseignants dans les régions les plus proches des leurs, elle paraît la plus écartée par le ministère de l'Education. Chose qui ouvre la voie à des sessions de mutations périodiques, mais aussi à des pratiques de pouvoir informel, contraignant les enseignants à recourir à des approches louches, voire illégales. Selon M. Ahmed Mhaouek, secrétaire général adjoint du syndicat général de l'enseignement secondaire, il existe bel et bien des critères favorables à la mutation des enseignants. Il s'agit, en effet, du nombre des années d'ancienneté dans le domaine, de la note pédagogique que délivrent les inspecteurs lors des visites de contrôle, ainsi que de la note administrative. Pour ce qui est du rapprochement des conjoints, d'autres critères entrent en jeu, à savoir les années d'éloignement du couple, le kilométrage séparant l'enseignant de son conjoint — les trente kilomètres forment déjà un point —, ainsi que les enfants. «Or, ces critères n'ont jamais été respectés», souligne M. Mhaouek. En effet, les cas de mutations avortées ne sont pas rares. Tout comme celles qui ont réussi sans pour autant répondre aux critères d'ancienneté . «Même aujourd'hui, après toute une révolution réfutant la non-transparence et la corruption, le ministère ne nous livre toujours pas la réalité des places disponibles. Et l'on découvre non sans étonnement que des mutations postérieures à la session ont eu lieu d'une manière équivoque sans pour autant faire part au syndicat de la situation. Pourtant, le règlement est clair: les mutations ne doivent jamais avoir lieu après le 15 octobre, et ce, afin de respecter la bonne organisation du système éducatif et en vue d'éviter aux élèves des perturbations inutiles», ajoute notre interlocuteur. Le recours à de telles pratiques laisse supposer tant de dépassements et de pratiques illégales. Si des mutations, ne répondant pas aux critères consentis par le ministère de l'Education et le syndicat général de l'enseignement secondaire, sont effectuées en dehors de la session et des réunions officielles, c'est qu'elles répondent à un autre système, informel, ayant pour seul principe de servir les intérêts de certains responsables. Il y a lieu de noter que les mutations ordinaires se déroulent une fois tous les deux ans. Les mutations anodines de 2011 ont permis de muter quelque 3.500 enseignants, et ce, selon les données fournies par le secrétaire général adjoint du syndicat de l'enseignement secondaire. Pour ce qui est du rapprochement des conjoints, le responsable indique que la réponse favorable a été accordée à environ 700 enseignants dont près de 500 pour des raisons humaines. Aujourd'hui, la situation implique un effort plus consistant et une coordination fondée sur la transparence entre les deux parties concernées. Certes, le ministère spécule sur la désignation des enseignants, refusant d'ouvrir la voie au dialogue. Toutefois, la mise en place de critères encore plus tangibles et plus précis, pour réussir les mutations sur des bases solides et respecter désormais les cas prioritaires, s'annonce grâce à l'initiative du syndicat. «Nous avons négocié, récemment, avec le ministère à propos de la mise en place de critères désormais respectés. Il s'agit d'un projet officiel qui a été déposé au ministère et qui promet la résolution de 80% du problème», ajoute M. Mhaouek.