Le problème de la distribution du film tunisien à travers les circuits culturels et commerciaux a été au centre de la réunion tenue en marge du festival international du film pour l'enfance et la jeunesse de Sousse (25 mars-1er avril 2012). Ont pris part à cette réunion une pléiade de critiques et de professionnels du cinéma, ainsi que des animateurs dans les maisons de culture relevant de plusieurs gouvernorats de la République. La problématique de la distribution du film culturel, en général, et du film tunisien, en particulier, a été traitée à la lumière du contexte actuel marqué par la réduction du nombre des salles de projection cinématographique, sachant que le pays compte aujourd'hui 15 salles seulement et que 80% de ces salles se trouvent dans la capitale, ce qui entrave l'opération de distribution des films tunisiens et mondiaux. En contrepartie, soulignent les spécialistes, le pays compte environ 210 maisons de la culture, censées contribuer, d'une manière ou d'une autre, à la résorption du problème de la distribution. D'autres questions ont été évoquées, portant sur le financement, les équipements techniques, la publicité, la communication, la formation des encadreurs et la participation des associations et des institutions éducatives et culturelles à la promotion de la distribution des films. La réunion a abouti à l'adoption d'un plan de travail annoncé par le producteur Néjib Ayed, après consultation avec des professionnels, consistant notamment à : - Suivre, à long terme, l'exemple des salles multi-écrans, exemple réussi dans les pays occidentaux et arabes dont ceux du Golfe qui disposent d'espaces permettant la distribution de la production cinématographique dans les espaces commerciaux. Cette orientation exige, cependant, l'octroi d'avantages financiers, fiscaux et culturels particuliers, aux initiateurs des projets. - A court et à long termes, il faudrait assurer la conversion d'une partie des salles existantes dans les maisons de la culture pour les équiper en vue de garantir une bonne distribution du film tunisien. L'on a identifié jusqu'ici 48 salles au sein des maisons de la culture, capables de recevoir des équipements destinés à la projection cinématographique numérique, moyennant un coût estimé à 8 mille dinars pour chaque salle. Au cas où ce plan est adopté, précisent les initiateurs de ces propositions, l'on peut penser à la création d'un lien d'intérêt commun entre les maisons de la culture, les producteurs et les distributeurs cinématographiques tunisiens, de manière à consacrer les week-ends (les vendredis, samedis et dimanches) dans ces salles équipées pour distribuer des films tunisiens et garantir «une sortie nationale» pour le même film dans tout le pays. Les recettes, issues de cette programmation, doivent être partagées entre la maison de la culture, le distributeur et le producteur, afin d'assurer une complémentarité fructueuse entre les différents intervenants culturels dans le domaine du cinéma. D'autre part, les participants à cette réunion ont convenu que les maisons de la culture ne peuvent, à elles seules, assurer l'activité d'encadrement, d'où la nécessité d'associer le tissu associatif cinématographique, dont notamment la Fédération tunisienne des clubs de cinéma. Il s'agit aussi de mettre au point une stratégie de distribution du film qui sera basée sur la création de salles de proximité dans les villes et villages pour rapprocher le cinéma du citoyen tunisien, où qu'il soit. Les participants ont, par ailleurs, fait l'éloge des expériences réussies menées par les salles de cinéma Afric-Art et la maison de culture Ibn-Khaldoun à Tunis, ainsi que la maison de culture Ibn-Mandhour à Gafsa et le complexe culturel de Nabeul.