La course à la fusion entre les partis politiques continue de plus belle. La constellation de partis politiques, dont la plupart ne sont pas représentés à l'Assemblée nationale constituante, semble à la mode ces derniers jours. Ainsi, pas une journée ne passe sans que l'on entende parler de la naissance d'un front unissant, parfois, des partis aux idées diamétralement opposées ou de l'émergence d'un pôle ou d'une alliance dont les fondateurs ont tout pour s'opposer et non pour se rassembler dans une même famille ou derrière des orientations communes. Mais, la politique a sa logique et les alliances ont leur philosophie dont seuls les politiciens de la Tunisie post-révolution sont en mesure de saisir les significations. La journée du dimanche 1er avril 2012 a été marquée par la naissance de La Voie démocratique et sociale, un nouveau parti de coalition groupant Ettajdid, le Parti du travail tunisien et des personnalités du Pôle démocratique moderniste (PDM) Deux jours à peine se sont écoulés, voilà que l'on assiste à l'émergence de «Minbar Al Istiqlal» (Forum de l'indépendance) groupant trois familles politiques, comme le souligne Me Mondher Belhaj Ali, l'un des signataires de la déclaration de sa création. D'abord, la famille destourienne au nom de laquelle Kamel Morjane, président du Parti de l'Initiative (ayant cinq sièges à la Constituante) a signé la déclaration constitutive. Ensuite, Me Abdelfattah Mourou qui représente la famille islamiste modérée et ouverte. Enfin, Me Mondher Belhaj Ali qui parle au nom des libéraux et des libéraux sociaux. En quoi consiste, effectivement, «Minbar Al Istiqlal» qui ne constitue pas, selon ses fondateurs, un nouveau parti politique dans lequel fusionneront d'autres partis et cesseront, par conséquent, d'exister, comme ce fut le cas pour d'autres alliances ? Mobiliser différemment «Il s'agit, souligne Mondher Belhaj Ali, d'inventer des formules intelligentes d'organisation et de coexistence politique qui peuvent permettre de mobiliser les Tunisiens différemment en s'adressant à des citoyens appartenant à des familles politiques différentes sur la base de l'essentiel pour notre pays aussi bien au niveau de la stratégie qu'à celui de la transition. Minbar Al Istiqlal est un modèle novateur d'organisation politique». Et notre source d'ajouter : «Le 14 ou le 15 avril se tiendra une réunion au cours de laquelle sera signée la déclaration commune annonçant officiellement la naissance de Minbar Al Istiqlal, structure au sein de laquelle nous avons décidé de prendre toutes nos décisions d'une manière consensuelle». Aussi, «Minbar Al Istiqlal» a-t-il mis en place une feuille de route politique relative au calendrier de la deuxième et dernière phase de la transition qui devrait prendre fin le 20 mars 2013. Le calendrier prévoit, en effet, les étapes suivantes : l'organisation d'un référendum sur la Constitution (en cas de besoin), la tenue d'élections municipales et régionales et d'élections législatives et présidentielles, le tout avant la date du 20 mars prochain. «La création de Minbar Al Istiqlal est un message clair de sérieux et de détermination. Pour nous, la Tunisie ne peut pas supporter une troisième phase de transition», martèle encore Mondher Belhaj Ali. Les objectifs de «Minbar Al Istiqlal» Dans la déclaration commune relative à la création de «Minbar Al Istiqlal» (Forum de l'indépendance), l'on découvre que ce nouveau pôle appelle à : — L'engagement de toutes les parties politiques à revenir à une démarche consensuelle pour assurer la réussite de la deuxième étape transitoire du processus démocratique dans le cadre d'un calendrier de quelques mois. — L'intensification des efforts pour la recherche du meilleur régime politique qui sera fondé sur une Constitution démocratique et moderne et un équilibre judicieux et inédit entre les pouvoirs. — La mobilisation pour la mise en place d'un régime républicain civil, l'instauration de la démocratie et la préservation de l'indépendance de la décision nationale politiquement et économiquement. Les signataires de la déclaration s'engagent également «à travailler avec toutes les forces politiques nationales pour instaurer les fondements d'une société nouvelle qui préservera notre pays des risques de la surenchère, du fanatisme et de l'extrémisme». Ils exhortent également toutes les forces politiques jalouses de préserver les acquis de la Tunisie à rejeter les appels à la discorde, à prévenir leur émergence et à éviter les risques qui menacent notre pays.