Les détenus de la Prison civile de Borj El Amri ont dénoncé hier lors de la visite du ministre de la Justice Noureddine B'hiri «l'iniquité dans l'application des critères d'amnistie». Lors de sa visite à la Prison civile de Borj El Amri et au centre de détention de Mornag, les détenus ont fait part de leur appréhension concernant la difficulté de réinsertion dans la société en raison de leur casier judiciaire. Le ministre a demandé aux protestataires de soumettre leurs dossiers à la direction de la prison, affirmant que «l'équité est le seul critère dans le traitement des dossiers des détenus». La visite des établissements pénitentiaires, a-t-il encore dit, vise à rompre avec la politique de désinformation et permettre aux médias de s'informer en toute transparence sur les conditions de vie des détenus. De son côté, le lieutenant-colonel Riadh Amari a précisé que la décision d'amnistie à l'occasion du premier anniversaire de la révolution du 14 janvier a été adoptée sans consulter les directions des prisons «qui sont les mieux informées sur les dossiers des prisonniers», a-t-il soutenu. «Le ministère de la Justice a adressé des listes sur la base desquelles les décisions de libération des détenus ont été prises», a-t-il dit, reconnaissant toutefois que la sélection de certains dossiers n'était pas judicieuse. Evoquant les conditions dans la prison de Borj El Amri, dont une partie avait été incendiée lors des événements de la révolution, M. Amari a reconnu l'absence d'équipements de protection nécessaires dans les prisons, d'ateliers de formation et le manque de personnel. Des efforts sont actuellement déployés pour améliorer la situation et renouveler les équipements dans les différents départements, a-t-il dit. Les agents exerçant dans les établissements pénitentiaires ont aussi critiqué les conditions de travail qu'ils ont qualifié de «désastreuses». Une ouvrière a affirmé que les vacations se prolongent sur dix heures de travail sans que pour autant le personnel ne perçoive des primes outre l'absence des conditions d'hygiène dans la cuisine ou dans les compartiments d'hygiène, a-t-elle soutenu. La situation est tout autant désastreuse dans le centre de détention de Mornag, a relevé le directeur de la prison Youssef Kesraoui. Cet établissement est une ancienne cave viticole et ne peut par conséquent abriter un établissement pénitentiaire, a-t-il estimé. Il a précisé qu'une nouvelle prison est actuellement en cours de construction à proximité des anciens locaux. Les détenus du centre de détention de Mornag, qui sont de différentes tranches d'âge, ont critiqué leurs conditions de détention. Le ministre a affirmé la nécessité d'examiner les dossiers des prisonniers qui sont âgés de plus de 65 ans ainsi que ceux des handicapées.