En plus du huis clos d'un spectacle désolant, la Ligue 1 traîne comme un boulet l'indigence offensive La 15e journée disputée le dernier week-end a enregistré 14 buts en 6 rencontres, sachant que deux matches sont reportés. Cette moyenne de deux buts et des poussières par match traduit l'indigence offensive qui marque l'ensemble de la saison à laquelle n'auront échappé que quelques rares journées. A mi-parcours, nous en sommes à un total de 253 buts. Un total largement insuffisant par rapport au grand bruit provoqué autour du championnat, des clubs et des joueurs qui l'animent. Des attaquants surcotés Les premiers lorsqu'il s'agit de défendre leurs intérêts (gros salaires, primes royales…), les attaquants sont aux abonnés absents quand il s'agit de démontrer leur efficacité. Généralement, ils sont les mieux payés, partant du fait qu'ils font gagner les rencontres et que leur rôle s'avère le plus ingrat. Malheureusement, on ne les voit plus au rendez-vous avec les filets sous prétexte qu'ils jouent pour les autres, qu'ils ouvrent des brèches et créent les espaces devant les joueurs du milieu. Les Mougou, Tlemçani père et fils, Adhouma, Madhi, Chakroun, Khouini… d'antan n'ont pas eu des héritiers. Grave constat pour un foot de plus en plus cadenassé et avare en émotions. Même à l'étranger, nos attaquants tiennent des statistiques très modestes : Jemaâ, meilleur buteur de tous les temps en sélection nationale (3 réalisations), Sabeur Khelifa (4), Akaïchi (4, en L2 allemande)… Des entraîneurs «gagne-petit» Du technicien du plus petit club au plus grand, tout le monde est logé à la même enseigne : plus de générosité, plus de lyrisme, plus de souci du spectacle. Priorité absolue au résultat, le réalisme est souverain, les entraîneurs agissent de mieux en mieux en fonction de calculs, étriqués, de petit épicier. A partir d'un but, on plie bagages, on serre la vis et on se retranche derrière. Le cas notamment des mal classés et de leurs bilans offensifs calamiteux : 10 buts marqués par l'ESHS, 11 par l'ASG, l'ESBK et l'USM, 12 par la JSK et EGSG, 13 par l'OB, le CSHL et… le ST. Soit neuf clubs accusant le pitoyable total de moins de 13 buts en 15 journées : une véritable pénurie. Habiles à nous expliquer en long et en large les stratagèmes les plus savants et à décortiquer les schémas qui se veulent offensifs, audacieux, révolutionnaires même qu'ils mettent chaque dimanche en place pour le maigre résultat que l'on connaît, ils se révèlent dans la pratique des «gagne-petit». Et cela est plus grave encore dans le cas des grosses cylindrées, dont les moyens humains et financiers (pour se permettre d'engager les joueurs les plus chers) restent énormes. Alors moins de frilosité, messieurs les entraîneurs! Les avants étrangers, l'arbre qui cache la forêt Auteur jusque-là de trois misérables buts, le Tchadien du Club Africain, Ezechiel N'douassel, constitue la parfaite illustration de l'inflation touchant des joueurs plutôt ordinaires. Coût de l'ancien avant-centre du club algérien de l'USMBlida : 400 mille euros, soit une petite fortune par rapport aux budgets des clubs du pays. Quel plus apporte-t-il donc au club de Bab Jedid? Autrement dit, ne confisque-t-il pas la place qui aurait dû revenir à un jeune attaquant du généreux cru clubiste ? Autre indice suffisamment éloquent : le classement des buteurs est dominé, dans sa partie supérieure, par les artilleurs étrangers : N'djeng (1er, ex æquo avec Youssef Msakni, 9 buts), Didier Libré (3e, 7 buts), Ahmed Zouaï (4e, 6 buts), Ogbona (7e, 5 buts), Saumah Naby (10e, 4 buts)… Bref, les attaquants tunisiens racés, cela ne court plus les rues…