Une fourmilière commence à se construire autour de la 24e session des JCC, prévue du 20 au 27 octobre prochain. La nouveauté est que les associations cinématographiques sont impliquées et dans la réflexion et dans l'organisation de cet événement culturel d'envergure. Le collectif des associations cinématographiques se penche, en effet, depuis plusieurs réunions déjà, sur la manière de relancer les Journées cinématographiques de Carthage tout en leur redonnant leur aspect originel militant, de fenêtre sur le cinéma arabe et africain. Ce collectif rassemble la majorité des associations cinématographiques (au nombre de onze, environ) des plus anciennes aux plus récentes, dont la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs (Ftca), la Fédération tunisienne des ciné-clubs (Ftcc), l'Association des réalisateurs de films tunisiens (Arft), l'Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique (Atpcc) et l'Association tunisienne d'action pour le cinéma (Atac). Le secteur cinématographique a été parmi les premiers à vivre une effervescence après le 14 janvier. Longtemps empêchés d'agir ou de se réunir, les professionnels se sont, maintes fois, vu refuser, auparavant, le droit de s'organiser en associations, collectifs ou syndicats, sauf pour quelques «privilégiés». Il fallait donc passer le balai avant d'avancer plus loin. Ce qui fut fait, dans chaque métier du cinéma d'abord, avant que le collectif ne voie le jour. L'une de ses priorités est une nouvelle vision pour les JCC. Les membres du collectif considèrent que le festival a été détourné de son droit chemin, entre autres par le fait que les associations cinématographiques, premières concernées, ont été écartées à plusieurs reprises. Le collectif refuse également de voir ceux qui ont collaboré avec l'ancien régime reprendre des fonctions dans l'organigramme des JCC. Voilà qui est clair, et, le ministère de la Culture se montre à l'écoute. Aussi, le collectif se réunit-il depuis des mois pour émettre une proposition d'organisation au ministère et chaque association peut émettre la sienne, le but étant de créer une structure indépendante, qui peut prendre la forme d'une association ou d'une fondation, qui se charge de l'organisation des JCC, avec les prorogatives et les moyens nécessaires. Pour cette édition à venir, les parties prenantes sont d'accord qu'un tel projet ne pourra pas être réalisé à temps. Le collectif propose donc un modèle de transition, qui a été présenté au ministère dans une réunion tenue le 13 avril, où il s'agissait également de la participation tunisienne au Festival de Cannes qui aura lieu du 16 au 26 mai 2012, qui est encore en discussion. Quant aux JCC, le collectif des associations de cinéma propose principalement la mise en place d'un comité d'orientation, en plus du bureau directeur. Le document qu'ils ont fourni aux responsables du ministère stipule que «le rôle de ce comité est de permettre aux professionnels du cinéma et aux cinéphiles de participer directement à la préparation des prochaines JCC, tout en continuant la réflexion sur la réforme souhaitée ». Il est composé de membres désignés par le collectif et est chargé de «d'établir un cahier de charges définissant la vocation et les orientations ainsi que le cadre général de la programmation de la prochaine session ; d'orienter et de suivre le fonctionnement du bureau directeur de la session 2012 ; et d'effectuer un bilan de l'organisation de la session 2012 sur lequel il doit s'appuyer pour proposer la restructuration future des JCC ». En ce qui concerne le bureau directeur, il se compose d'un directeur des JCC et d'un délégué général, «nommés par le ministre de la Culture sur proposition du comité d'orientation et soumis à l'approbation du ministère». Le premier est chargé de la coordination générale de l'organisation administrative, financière et technique. Le deuxième est chargé de proposer une programmation conforme à la vocation des JCC. Tous les deux s'entourent d'une équipe capable de réaliser les objectifs de la session. Le collectif propose aussi le profil et des critères de sélection pour le directeur et le délégué. Chaque association propose des noms parmi les personnalités du cinéma en Tunisie, qui lui semble remplir ces critères. Des noms consensuels sont proposés au ministère lors de la réunion qui suit, le mardi 17 avril. En tout cas, les associations qui forment le collectif et qui proposent même de revoir le règlement général des JCC insistent sur l'importance de redonner au festival son rayonnement d'antan, surtout sur le côté africain.