Après 54 jours de sit-in devant le siège de leur établissement, les journalistes et autres employés de la télévision nationale croyaient qu'après l'annonce faite par le ministère de l'Intérieur quant à la levée imminente du sit-in, leur peine allait finalement trouver fin. Malheureusement, il n'en est rien. Hier, le sit-in n'était pas encore levé et les autorités judiciaires et sécuritaires qui se sont déplacées en début d'après-midi sur place ont décidé de résoudre le problème pacifiquement et ont accordé un délai de 24 heures aux sit-inneurs pour plier bagage. De leur côté, et face à la présence insolente des revendicateurs et de leurs pancartes, les employés de la télévision, dont une grande partie de journalistes sont sortis nombreux pour affronter ceux qui se sont érigés en sauveteurs des médias publics. Un face-à-face contrôlé par les forces de l'ordre a donc eu lieu. Un échange d'insultes et de «dégage» de part et d'autre a reflété le sentiment d'intolérance que les deux mois de sit-in et de harcèlement ont fini par générer. Le cordon constitué par les forces de l'ordre entre les deux groupes n'a pas empêché la violence. Les employés de la télévision ont chanté à plusieurs reprises l'hymne national et ont défendu l'indépendance de leur établissement. Persistant de leur côté à faire le procès de «l'information de la honte et des résidus de l'ancien régime», les sit-inneurs ont clamé l'urgence d'assainir l'établissement, rappelant, au passage, qu'il est financé par l'argent du peuple. «Toléré au début, le sit-in a fini par basculer dans la provocation poussée à l'extrême », souligne Khemais, journaliste à la télévision nationale. «Nous avons fini par nous y faire, sauf que depuis quelques jours et suite aux déclarations de Ameur Laraïdh, membre du bureau exécutif du parti Ennahdha concernant la privatisation éventuelle des médias publics, les revendicateurs ont doublé d'ardeur», ajoute-t-il. A croire qu'ils ont trouvé ces déclarations à leur goût et n'ont pas tardé à le faire savoir en brandissant des pancartes où ils annoncent la vente très prochaine de l'établissement public et en intensifiant les insultes et les agressions à l'égard des journalistes. Bilan de la journée, un sit-in qui perdure encore, violence et quatre blessés dont un journaliste, deux techniciens et un agent de l'ordre. La chaleur exceptionnelle d'hier n'a pas arrangé les choses et a accentué la puanteur des lieux occupés depuis deux mois par les sit-inneurs.