Par Jawhar CHATTY Enfin, du concret ou presque. La bonne nouvelle est qu'il ne s'agit plus désormais pour la Tunisie d'aller quémander de l'aide au risque d'être taxée de tomber dans la mendicité. Nos gouvernants semblent avoir enfin saisi qu' il y va tout naturellement de la dignité de tout un peuple, du prestige de sa révolution, et du prestige de l'Etat tunisien tout court. Non, cette fois-ci, les démarches de prospection de nouvelles sources de financement de l'économie sont plutôt soft. Il ne s'agit désormais plus d'aller demander de l'aumône auprès des capitales étrangères mais de susciter vraiment l'intérêt des investisseurs étrangers pour le site tunisien et, élément nouveau, digne et gratifiant, de susciter leur intérêt pour un partenariat avec le tissu productif tunisien. La démarche est à la fois digne et positive en ce sens que tout en laissant grande ouverte la voie à l'investissement direct étranger en Tunisie, elle ouvre des bretelles et jette des passerelles entre la sphère tunisienne de l'investissement privé et les investisseurs étrangers potentiels. Et, franchement, c'est de ce genre de co-branding dont l'économie nationale et les entreprises tunisiennes ont le plus besoin aujourd'hui. Pour l'entreprise tunisienne, le co-branding et le partenariat sont porteurs de transfert de savoir-faire et de technologie. Pour l'économie et pour la société, ils sont de puissants catalyseurs de la croissance et de la création d'emplois. Cette démarche est positive en ce sens surtout qu'elle place le secteur privé tunisien devant ses responsabilités. En clair, en cette conjoncture exceptionnelle, le rôle de l'Etat est de sonder, d'amorcer et d'ouvrir les voies du partenariat économique, il appartient et incombe au secteur privé tunisien d'avoir l'audace et de savoir poursuivre le chemin. Sans frilosité et sans complexe. Sans appréhensions et idées toutes faites surtout. Quand, à cet égard, le président de la République va au Qatar, il faudrait plutôt y voir une participation de la plus haute importance de la Tunisie à la 13ème session de la Cnuced, le cénacle par excellence et l'espace de convergence entre les sphères politiques, financières et économiques internationales. Quand, à Tunis, se tiennent depuis hier et jusqu'au 26 avril, les tribunes de la 6ème rencontre arabe des PME industrielles en présence d'une centaine d'investisseurs arabes et que non moins de 800 rencontres d'affaires sont prévues, il faudrait, là aussi, y trouver une réelle opportunité pour le secteur privé tunisien de sortir enfin des sentiers battus. «Le syndrome des pays du Golfe dont nous souffrons nous empêche de voir la dimension pragmatique de nos gouvernants dans leur démarche de prospection des investisseurs de ces pays. Pourtant, en regard de la parcimonie dont semblent faire montre les pays du G8 et en regard de la posture quelque peu attentiste des investisseurs traditionnels de la Tunisie, nous devrions voir dans cette démarche une certaine voie de salut pour l'économie nationale, du moins une volonté de diversifier le champ de la coopération internationale et des sources de financement de l'économie», écrivions-nous sur ces mêmes colonnes il y a exactement deux mois. Notre conviction demeure tout naturellement inchangée. Les promesses arabes étant ce qu'elles sont en termes de dons et de soutien à la Tunisie, il n'est à présent plus digne voie pour la Tunisie que la voie qui porte haut et fort les couleurs du partenariat. A ce titre, la balle est désormais dans le camp du secteur privé tunisien des affaires.
