• Je ne repasserai pas ce film, il nous a assez divisés comme ça Il sautait, il dansait presque au cinquième étage de son fief si au 75, avenue Mohamed V. Pourtant, c'était au moment précis où le juge allait prononcer le verdict. Lui, c'est Nabil Karoui. C'était hier à trois secondes de l'annonce du verdict. Mais lui, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, il a toujours été de très bonne humeur, dans toutes les crises, même aux pires moments où tout paraissait se compliquer. Hier encore, il était l'homme le plus confiant du monde, même s'il brûlait de connaître la décision du juge. Monsieur avait sa photo à la une du Washington Post – excusez du peu — et des millions d'articles parlaient déjà du verdict. Il savait qu'il n'était pas seul dans ce combat. Du coup, il apprend que c'était l'amende. «Une condamnation est une condamnation», dit-il amer, pour poursuivre: «C'est une grande déception. Je suis choqué qu'en cette journée mondiale de la liberté de la presse, on donne de la Tunisie cette image pas très brillante. Près de 40 millions d'articles sur cette affaire, nous sommes vraiment sous les feux de la rampe. C'est mauvais pour le pays». Interjettera-t-il appel ? Et comment ! «C'est déjà fait, nous dit-il. La chose la plus simple aurait été que je paye l'amende et qu'on tourne la page et c'est bon pour le business. Que non ! Persepolis est une affaire de liberté. Ce n'est pas mon affaire à moi. C'est l'affaire de tous les Tunisiens. Si je lâche le morceau, ce sera la porte ouverte à toutes les censures et à tous les abus». Du coup, nous est venue l'idée saugrenue de lui poser la question que voici : Nessma est-elle prête à diffuser Persepolis encore une fois ? «Je suis libre de programmer ce que je veux sur la chaîne. Mais ce film a déjà une connotation négative. Je pourrais, si je le voulais, le repasser, alléger des scènes contestées. Mais au fond, je ne le repasserai pas. Je suis responsable et ce film nous a assez divisés comme ça».