L'arbitrage n'est pas sorti de l'auberge. Les dernières désignations à la tête de la DNA n'ont pas toujours produit d'effet Abderrazak Zdiri a eu beau prendre les rênes de la direction nationale d'arbitrage, succédant à Habib Nani. Sans pourtant que la substance change, puisque depuis son arrivée, le nouvel homme fort du secteur est harcelé par les plaintes, critiques et même menaces des clubs qui se sentent lésés. D'ailleurs, c'eut été illusioire, voire carrément naïf de croire qu'un simple changement à la barre de l'instance dirigeante allait requinquer ce domaine constamment décrié, et résoudre tous ses problèmes. L'analyse des tenants et aboutissants de la crise récurrente doit prendre en compte le contexte général, celui d'un sport conditionné par la phase post-révolutionnaire et pliant sous le joug du huis clos et des conditions sécuritaires très fragiles. Ainsi les hommes en noir trouvent-ils toutes les peines du monde à appliquer le huis clos. Le laxisme de certains écœure des clubs visiteurs condamnés à subir les menaces, intimidations et violences des centaines de supporters présents. Et produit au final une effet boomerang, puisque les premiers à en pâtir ne sont autres que les arbitres eux-mêmes. En fermant les yeux sur un huis clos marron, ils se mettent une pression surhumaine à laquelle ils n'ont d'autre choix que de succomber. Dimanche, à Zarzis, on se serait cru en des temps où la présence du public n'est guère prohibée. Nasrallah Jaouadi a été peut-être quelque part défaillant dans la nécessaire stricte observance du huis clos, d'où le début des problèmes. Mais il n'est sans doute pas le seul dans cette situation, l'application du huis clos n'étant guère uniforme. Cela donne, en tout cas, raison aux remarques qui peuvent paraître excessives, du genre de celles émises par le premier responsable de la section football du Stade Tunisien qui regrette que la réciproque ne soit pas de rigueur : «Nous nous produisons à El Menzah dans un véritable contexte de huis clos, contrairement à ce que l'on peut vivre à l'extérieur. Maintenant, qui peut nous empêcher d'évoluer au Bardo et d'ouvrir les portes devant nos supporters ?», a-t-il commenté. Huis clos marron : arbitrage maison Première difficulté, donc, créer les conditions garanties par le huis clos pour empêcher que le referee ne se résigne à un arbitrage-maison. Sinon, que l'on décrète de nouveau «portes ouvertes» avec peut-être les risques que cela comporte toujours pour la sécurité des acteurs. La deuxième difficulté est structurelle et met en perspective les carences de formation, de préparation et de concentration des arbitres et des arbitres-assistants. Le but-fantôme accordé dimanche à l'Espérance de Tunis à Monastir relève de ces défaillances quelquefois difficiles à cerner. La veille d'USM-EST, au plus haut niveau d'une finale de coupe d'Angleterre — le top du top ! — un tel but fantôme (le ballon a-t-il franchi la ligne de but?) a également suscité la polémique, mais à l'envers, puisqu'il a été refusé. L'arbitrage a beaucoup à se faire pardonner dans le contexte venimeux de la L1 tunisienne. Encore faut-il lui en donner les moyens.