La famille du foot amateur est confrontée à un pénible moment de déchirement en raison de l'impasse dans laquelle se trouve l'instance dirigeante. C'est un pan entier du football national qui bascule en cette fin de saison dans l'anarchie. Mais rassurez-vous, le terme n'est guère disproportionné, quand on pense à la paralysie des compétitions amateurs. Rien que le week-end précédent, trois rencontres de la division Sud ont été reportées, alors qu'au Centre, deux seulement ont pu se jouer. Alors qu'une bonne quarantaine de clubs mettaient la pression par le biais d'un sit-in organisé mardi devant le siège de la fédération, c'est toujours le blocage, chaque partie campant sur ses positions en avançant le bien-fondé de sa thèse. L'annulation de la règle de la désignation du tiers du bureau exécutif, une pratique désuète de l'ancien régime, a entraîné la dissolution du comité de la Ligue amateur qui était présidé par Aziz Dhouib. Et c'est Abderrahmane Boushaba qui prit le relais dans une sorte de comité de crise élu par les clubs amateurs et leur amicale des présidents des associations, et réduit à sept membres. Le bureau de Boushaba contre celui de la FTF Le 3 mai, le bureau de la fédération décidait de dissoudre la Lnfa «format Boushaba», de convoquer une assemblée générale extraordinaire élective pour le 30 juin à Tunis, selon un système de listes et de désigner un comité provisoire chargé de gérer cette instance jusqu'à la fin de la saison, et la tenue de l'A.G. élective. Ce comité présidé par Ali Abbassi se compose de Wajdi Mhiri, Slim Madini, Maher Dallel, Hassine Fayala, Taoufik Hayouni (trésorier) et Mohamed Chargui (arbitrage). Tous ces membres ne sont pas éligibles pour le nouvel exécutif qui sortira des urnes le 30 juin prochain. Schématiquement, le topo des instances gérant le foot amateur se résume à un bureau (celui de Boushaba) contre un autre (celui de Ali Abbassi, nommé par la FTF). Et le bras de fer paraît pathétique d'autant que Boushaba rappelle avec insistance que son staff jouit de la légitimité que lui confèrent les élections: «De quel droit voudrait-on écarter des gens élus?» s'interroge-t-il, tout en adoptant la fameuse formule: «J'y suis, j'y reste». Et en exerçant en même temps un féroce pressing sur la tutelle, la fédération dans le cas de figure, afin de rester en place jusqu'au scrutin du 30 juin. Ce pressing se traduit par le mouvement de sit-in dans lequel sont engagés des dizaines de clubs, mais aussi par le blocage des championnats amateurs allant de la D3 aux divisions régionales. L'on assista même à un durcissement, le clan Boushaba optant pour une forme de raidissement. La preuve? Certains membres fédéraux, dont le président Wadii El Jary et Tahar Khantech, ont tenté de discuter avec «les mutins», c'est-à-dire les sit-inneurs et le comité de Boushaba. En vain, la voix du dialogue et de la raison s'étant subitement tue dans la confusion et l'intolérance. Pendant ce temps-là, c'est le foot amateur, déjà fragilisé par la grave crise financière, et mortifié par la violence aveugle qui sévit sur les terrains des divisions amateurs qui trinque…