La fille aux lunettes rouges a explosé sa palette à Aire Libre d' El Teatro où elle expose depuis le 2 mai, pour nous conter sa ville et son espace urbain qu'elle imagine coloré à l'infini. Elle s'appelle Selima Tria, elle est économiste de formation et de métier (commerce international) et ne peint que depuis deux ans. C'est un heureux détour du côté d'un atelier de peinture animé par Mahmoud Chalbi qui lui a donné l'envie d'y toucher aussi. Elle suit ce même cours qui lui ouvre, en 2011, les portes du Printemps des arts de La Marsa. «La peinture c'est ma passion, l'art mon oxygène, les couleurs ma danse, les pinceaux mon expression. Peindre me rend heureuse, peindre me donne des ailes, peindre me permet de me sentir vivre...», tels sont les mots que choisit Selima Tria pour parler de sa passion, ou plutôt de son «kif», comme elle l'écrit encore. Et c'est dit spontanément, voire naïvement, à la manière de toutes ces couleurs vives et ces formes stylisées qui animent ses toiles et qui révèlent sa part-enfant. Sorte de matériaux chromatiques qu'elle emploie pour construire sa ville idéale et qui viendraient atténuer la tristesse actuelle de nos murs et de nos cœurs. Une ville disparate, abstraite et déconstruite avec des espaces fragmentés, des couleurs géométrisées qui éclatent sous le pinceau de Selima pour livrer, telles les planches d'une bande dessinée, différentes histoires et mythes urbains («King-Kong», «Cyborg, «Météorites»...). Mais voilà que dans la majorité des toiles, le mythe change de nom, l'histoire d'intitulé, mais pas la forme ou «l'intrigue-plastique» qui demeure généralement statique et récurrente, révélant presque, par moments, les mêmes ennuyeux fragments cernés par ce noir grossièrement appliqué et saturé (qui renvoie à la bande dessinée mais qu'on aurait voulu moins présent!), qui accouche dans quelques toiles («Sans-papier», acrylique) de silhouettes coulantes et sans intérêt, étouffant l'espace pictural. Effacé et atténué dans ses acryliques «Dérive des continents», «Fossile», «Mobile phone» ou mieux encore dans «Cyborg» et «banlieue nord», cet odieux noir cède la place à des paysages lyriques plus consistants. Plus particulièrement, les deux toiles aux formes filiformes et stylisées («Mère nature» et «Neandertal») révèlent un monde subtil et organique et annoncent de belles promesses et d'autres délires plastiques dans l'espace urbain de Selima qui se veut la réponse à la morosité de nos nouvelles bâtisses. Abstraction faite des récurrences, certaines toiles sont à «kiffer» jusqu'au 21 mai 2012.