Dans son premier point de presse, le «Massar démocrate social», parti né du regroupement du mouvement Ettajdid, du Parti du travail tunisien et des indépendants de l'ancien pôle démocratique moderniste, s'est surtout attardé sur l'importante question du budget complémentaire et de la loi de finances complémentaire récemment adoptés par l'Assemblée Constituante. Et ce qui attire l'attention dans ce point de presse c'est que les orateurs ont en fait parlé au nom de l'ensemble du groupe parlementaire démocrate dont fait également partie le Parti républicain et ceux qui l'ont quitté. Ce qui évoque la coordination désormais active entre tous les partis de l'opposition au sein de l'Assemblée. A la droite et à la gauche de Samir Taïeb, se trouvaient ainsi sur le podium, Noômen Fehri, du PR et ex-Afek Tounès, Mongi Rahoui, du Mouvement des patriotes démocrates, qui est membre de la commission des finances de la Constituante, et Salma Baccar. Il ressort des propos de Samir Taïeb que le groupe démocrate a été très actif et très constructif lors de la discussion du budget et de la loi de finances, mais que la majorité n'a pas accepté d'apporter des modifications de fond, même lorsqu'elle a paru convaincue du bien-fondé des propositions. Parmi les critiques de l'opposition, on retiendra le manque de précision quant aux ressources escomptées dont les biens séquestrés et l'absence d'incitations sociales dans la loi de finances. Prenant la parole, Noômen Fehri s'est demandé : «Aurions-nous fait mieux si nous étions à la place de la Troïka ?». Avant d'ajouter : «Si cette loi est, malgré ses faiblesses, effectivement appliquée, résoudra-t-elle les problèmes ?». Et de répondre que non «puisqu'elle ne permettra pas de créer les 800.000 emplois qu'il nous faut. Lesquels nécessiteraient un investissement global de 40 milliards de dinars». Sa proposition, faite au nom du groupe démocrate : constituer un «fonds souverain» de 5 milliards de dollars pour pouvoir convaincre les partenaires de s'y joindre pour investir à long terme y compris à travers des fonds régionaux. Autre point de divergence avec la majorité : le destin des fonds collectés grâce à la taxe de 5% prélevée sur les bénéfices des opérateurs de télécom, qui se montent à 140 milliards de millimes par an. Cet argent permet au gouvernement de couvrir le déficit du ministère des Technologies de la communication, alors qu'il devrait être réservé à la promotion des sociétés de TIC. Et M. Noômen Fehri de nous informer que le ministre des Communications s'est aligné sur cette position, mais que la majorité a refusé l'amendement. Enfin, M. Fehri a appelé le gouvernement à songer sérieusement à ce projet de fonds souverain et à lui réserver au moins la somme restante des réserves laissées par la cession des parts de Tunisie Télécom : 1,4 milliard de dollars. De son côté, Salma Baccar s'est focalisée sur les articles 3 et 54 de la loi de finances, qui lui semblent contradictoires, permettant une application sélective de deux poids, deux mesures. Les deux articles prévoient, l'un de transformer les impôts normalement dus en investissements, et l'autre de punir rétroactivement les coupables d'infractions fiscales en réquisitionnant leurs biens. Autre critique de Mme Baccar, l'exonération fiscale de toutes les associations à but non lucratif. Et M. Samir Taïeb d'expliquer à propos du choix de l'abstention lors du votre global de la loi de finances que le groupe démocrate a voulu montrer que l'opposition est une force de proposition et non d'antagonisme. Parmi ses propositions, celle d'annuler les dettes bancaires de moins de 5.000 dinars pour les agriculteurs et les pêcheurs, afin de les encourager à retourner au travail pour produire sans soucis.