Le chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali, a visité, lundi après-midi, le port commercial de Radès où il a inspecté la marche du travail dans les services de la douane, et pris connaissance des mécanismes de contrôle des marchandises à l'import et l'export. Il a souligné, dans une déclaration aux journalistes, que «le moment est venu d'examiner le dossier de la douane et de prendre les mesures nécessaires afin de réglementer les différentes tâches dans le port de Radès, qui constitue l'une des principales artères de l'économie tunisienne». Jebali a mis l'accent sur «l'importance de l'ouverture de ce dossier à la lumière, notamment, des doléances présentées au sujet des dépassements observés au sein du port», indiquant que «le gouvernement provisoire prendra les mesures qui s'imposent en vue d'une meilleure gestion du travail dans les différents services douaniers». Il a affirmé ne pas être venu au port pour accuser quiconque mais pour visiter et s'enquérir avant de faire des déductions. Il a ajouté, à ce propos, que «les mesures à prendre seront bien étudiées, au préalable, et ne constitueront pas des mesures de représailles», affirmant que le gouvernement protègera toute personne qui révèlera des dossiers de corruption au sujet du port de Rades. Pour sa part, M.Ridha Saidi, ministre chargé des Dossiers économiques, a affirmé, à l'agence TAP que «le travail de la douane fait partie intégrante de l'activité économique et financière, d'autant plus que les taxes douanières constituent la principale ressource du budget de l'Etat». Il a appelé «à renforcer le contrôle afin d'empêcher l'entrée d'équipements ou de produits qui peuvent nuire à l'économie du pays», ajoutant que cette visite a permis aux différentes parties de réaliser que les opérations de contrôle ne sont pas effectuées de la manière la plus efficiente. M. Saidi a évoqué la nécessité d'adopter une nouvelle méthodologie de travail en vue d'éviter tout manquement, dépassement ou traitement privilégié, soulignant que le contrôle des conteneurs n'est pas soumis à une réglementation administrative fixe, d'autant plus que les opérations de contrôle ne s'appuient pas sur un système informatisé. Il a, par ailleurs, indiqué que le gouvernement « prendra les mesures nécessaires, notamment au niveau de l'organisation à l'intérieur du port et jugera tous ceux qui ont enfreint la loi ou ceux qui ont été proches de personnes au pouvoir auparavant». D'autre part, plusieurs cadres, travaillant dans le port de Radès, ont mis l'accent sur la nécessité «de réformer cette structure». Ils ont, en outre, évoqué les difficultés logistiques qui entravent l'opération de contrôle comme l'absence de caméras de surveillance, en plus des agressions perpétrées contre les agents de la douane. Ils ont souligné que la corruption dans le port existe encore, et que des proches de la famille Trabelsi et des symboles du régime déchu qui avaient la mainmise sur le port de Radès continuent à travailler pour leur propre compte au détriment de l'économie nationale. Le commandant du corps de la douane, Ali Argoubi, a souligné que plusieurs dépassements continuent d'être enregistrés quotidiennement et que plusieurs conteneurs sont volés, car il n'existe pas de moyens de contrôle efficients. Il a encore précisé que bien qu'au courant de ces dépassements, l'administration n'a pris aucune mesure pour les éviter. De son côté le capitaine, Moncef Smida, a affirmé qu'il est impossible d'autoriser le passage de produits néfastes pour la santé et l'économie par les circuits officiels de la douane, appelant les autorités à prendre les mesures nécessaires pour faire face au trafic illégal, surtout que de nombreux intervenants dans le port œuvrent souvent à mettre la pression sur les agents douaniers. M. Ridha Gargouhi, porte-parole du syndicat de la douane, a souligné qu'après la Révolution du 14 janvier «les nouveaux riches parmi les contrebandiers sont en train de détruire la douane et empêchent toute réforme de cette structure». Il a ajouté que la réforme de cette institution «est impérative pour sauver l'économie nationale», mettant notamment l'accent «sur le règlement du dossier de la contrebande qui s'est aggravée après la Révolution». Le responsable a rappelé que la douane a reporté sa grève générale prévue pour le 9 mai au mois de juillet pour réclamer la réforme et l'assainissement de la douane des symboles de la corruption. A souligner que le directeur général du port commercial de Radès, Hassen Ben Hassen, était absent lors de cette visite.