La danse, selon Cunningham, "n'est pas le sentiment de quelque chose, c'est un coup de fouet sur l'esprit et le corps qui les engage dans une action si intense que, pendant le court moment concerné, l'esprit et le corps ne font qu'un". Que diriez-vous alors de propositions chorégraphiques qui poussent à son extrême cette définition se basant sur un concept mathématique? Des performances inédites, signées par des énergies cent pour cent tunisiennes? Eh bien ce sera le cas, le vendredi 12 et le samedi 13 février prochain, à l'espace El Teatro, dans le cadre de "Danser à Tunis" (DAT), un tout nouveau-né dans le paysage culturel tunisien. La première édition de ce festival, conçu et organisé par Zeineb Farhat—sur une idée du jeune chorégraphe Ali Mrabet—en collaboration avec le Collectif des jeunes artistes de danse en Tunisie et l'Institut français de coopération, s'articulera, en effet, autour du fameux nombre Pi (3,14). Sept jeunes artistes danseurs, bien de chez nous, offriront à voir au public des chorégraphies dont la durée de chacune ne durera pas plus de 18 minutes et qui seront suivies d'un débat. Ali Mrabet présentera "Oxygène", Majdi Smiri, "Maguy"; Amira Chebli, "Touka"; Hafedh Zalit, "Canevas"; Ammar Halbi, "Exercice"; Khaoula El Hadef, "Tu mourras pour moi?" et enfin, Cyrine Chaâbane, "Comme sur fil". Et c'est le danseur chorégraphe, mais aussi acteur de talent, Lotfi Abdelli, qui assurera le coaching artistique. Mais DAT ne s'arrêtera pas à El Teatro. D'autres structures culturelles prendront en effet le relais, et ce "package chorégraphique", comme aime le nommer Zeineb Farhat, sera diffusé dans tout le pays. Ce sera le 14 février au Centre culturel de Nabeul et deux semaines plus tard, à Mad'Art à Carthage, mais avec cette fois, une thématique différente. N'empêche, une soirée DAT en Pi est prévue au même espace, pour le 14 mars prochain qui coïncide justement avec la fête de l'anniversaire de Pi, une tradition anglo-saxone de longue date. DAT, dont la première édition sera basée sur la constante d'Archimède, vient en fait, en continuité au travail déjà entrepris, de 1993 à 2002, par Zeineb Farhat dans l'organisation de DAMA (Danser dans la Méditerranée arabe). Mais le plus important, c'est que cette nouvelle manifestation tuniso-tunisienne vient s'ajouter aux Rencontres chorégraphiques de Carthage, un rendez-vous ouvert à l'international initié et organisé d'une main de maître par Sihem Belkhodja. Nos jeunes danseurs et chorégraphes en avaient vraiment besoin tant que la danse reste malheureusement sous nos cieux un domaine boiteux. Et c'est peu dire... DAT est donc une opportunité à saisir, une initiative à encourager et une plateforme à consolider. DAT, bienvenue parmi nous !