Les magistrats tunisiens, dans tous les tribunaux de la République, sont entrés en grève ouverte depuis hier et «jusqu'à ce que le ministre de la Justice revienne sur sa décision de révoquer 81 magistrats» et la remplace par des jugements. La décision est annoncée dans un communiqué du Syndicat des magistrats tunisiens, et a été confirmée par la présidente du syndicat, Raoudha Laâbidi, dans une déclaration à l'agence TAP. «La révocation des magistrats est contraire aux fondements de la justice transitionnelle qui exigent de révéler la vérité au peuple et de juger ceux qui ont violé les droits, tout en garantissant des jugements équitables et surtout le droit à la défense», souligne le communiqué. La décision de grève fait suite à la réunion des magistrats, au Palais de Justice, convoquée par leur syndicat, dans le but de répondre à la décision du ministre de la justice, Noureddine Bhiri, de révoquer 81 juges accusés de corruption et d'être impliqués avec l'ancien régime. Mme Laâbidi a précisé à l'agence TAP que «les adhérents au syndicat et un grand nombre de membres de l'Association des magistrats tunisiens ont soutenu la décision de grève générale des magistrats, dans toute la République». Elle a affirmé que «défendre l'indépendance de la justice vis-à-vis du pouvoir exécutif est une question de principe qui touche tous les magistrats et rassemble toutes les structures qui les représentent». Par ailleurs, le syndicat s'oppose au projet présenté par le ministère de la Justice, portant création d'une instance provisoire de l'ordre judiciaire pour remplacer le Conseil supérieur de la magistrature. «Ce projet consacre la mainmise du pouvoir exécutif sur le pourvoir judiciaire et vise à réserver au ministre de la Justice, seul, le pouvoir de décider des nominations des magistrats», indique le communiqué. Les avocats rassemblés au Palais de Justice ont de nouveau appelé à hâter la promulgation de la loi sur l'instance provisoire, faisant porter à l'Assemblée constituante la responsabilité de la situation que connaît le secteur aujourd'hui.