En marge de la 29e assemblée générale du Comité des transports du Maghreb (Ctfm), regroupant les directeurs généraux et les premiers responsables des réseaux ferroviaires dans la région, l'Union internationale des chemins de fer, dans le cadre de ses activités en Afrique, a organisé, à partir d'hier matin à Tunis, un séminaire d'envergure intitulé «Management de la sécurité et facteurs humains». Cette manifestation, qui se tient pendant deux jours, en collaboration avec la Société nationale des chemins de fer tunisiens (Sncft), intervient à un moment crucial où le trafic ferroviaire des biens et des personnes a été, maintes fois, affecté par la vague de colère et de protestation ayant déjà gagné tout le réseau national. En effet, le manque de sécurité sur les différentes lignes de train n'a fait que perturber les fréquences de voyage et dérailler, de la sorte, le train quotidien de l'économie, avec pour conséquence des pertes considérables en temps et en argent. Ainsi, le cas du Groupement chimique de Gafsa (CPG) en est une preuve éloquente de l'impact de la sécurité sur la bonne gestion du transport, dans sa dimension multimodale. Sans pour autant perdre de vue son ampleur sur les grandes lignes dont les rails vétustes et les rames laissent beaucoup à désirer. Mais, comme l'a dit l'écrivain français, Nicolas Boileau, «celui qui n'est pas en train de naître est en train de mourir», ce qui signifie que le réseau ferroviaire est appelé, aujourd'hui, plus que jamais, à marcher sur les traces de la révolution. Dans ce sens, le ministre des Transports, M. Abdelkarim Harouni, a révélé à La Presse que son département s'attelle à lancer un projet de restructuration visant à redorer l'image du secteur des chemins de fer, tant au niveau du management et de la gestion que sur le plan de la formation et du contrôle. «Tout un chantier des grands projets qui est sur le point de démarrer, raison pour laquelle on est là pour en tirer profit et échanger les expériences avec des chevronnés en matière de formation et de planification», déclare M. Harouni. Et de poursuivre que cette rencontre vient à point nommé pour faire connaître au monde que la Tunisie nouvelle est en phase de construction. «Nous comptons, également, étendre, dans les plus brefs délais, le réseau ferroviaire à toutes les régions du pays, à même de relier le nord au sud passant par le centre pour relier ultérieurement la Tunisie avec son environnement maghrébin, à savoir la Libye et l'Algérie…», a-t-il encore promis. L'objectif, selon lui, est d'assurer aux usagers comme aux touristes un mode de transport moins coûteux, confortable et plus sécurisé. Ce qui permet, certainement, d'améliorer la qualité de services, drainer les investisseurs et multiplier les offres d'emploi. Il faut dire, à l'en croire, qu'il s'agit là d'un choix stratégique qui devrait engager toutes les parties concernées, qu'elle soit la société mère (Sncft) ou celle du RFR (réseau ferroviaire rapide). Ce projet (RFR) qui est actuellement en cours de réalisation dans les périphériques ouest de la capitale. L'on cite également la nouvelle ligne électrifiée desservant la banlieue sud Tunis-Borj Cédria. Et le ministre de prévoir qu'il est question de mettre sur les rails une ligne ferroviaire express couvrant toute la région maghrébine, avec la possibilité de l'étendre à l'Egypte. Ainsi, cette nouvelle carte ferroviaire serait-elle en mesure de transfigurer le visage de la région, tout en intensifiant les relations de partenariat et renforçant les assises de l'intégration maghrébine ? Pour conclure, le ministre a affirmé que le premier coup de pioche de ces projets sera donné au cours de cette année. Reste, maintenant, l'élaboration imminente des études techniques et de faisabilité y afférentes. Dans le même ordre d'idées, M. Abderrahmane Gamha, P.d.-g. de la Sncft, a fait valoir l'apport de la sécurité humaine et matérielle, en tant que pilier du développement du secteur ferroviaire. Il a, ainsi, insisté sur l'impératif de suivre la mutation qu'a connue ce secteur à l'échelle internationale, dans la perspective de réduire autant que possible les risques d'accidents, minimiser le degré du stress et savoir gérer les ressources humaines. Cela, ajoute-t-il, ne saura se faire qu'à travers le recrutement des agents mieux habilités à ces postes de responsabilité, tout en veillant à leur assurer la formation continue nécessaire. Consciente de certaines défaillances et exigences professionnelles, la Sncft s'est pleinement engagée, sous le commandement de son P.d.-g., dans une stratégie de renouvellement de sa flotte ferroviaire par l'acquisition de 20 trains dont 12 seront exploités sur les lignes de Bizerte et de Ghardimaou. «Jusque-là, l'on n'en a acquis que quatre. Le reste est en cours de livraison…», signale-t-il. Et M. Gamha n'a cessé de répéter que le renouvellement des trains est une affaire assez coûteuse, indiquant, à titre d'exemple, que le remplacement d'une seule rame pourrait atteindre les 2 millions de dinars. Un budget qui dépasse les capacités de ladite société, selon lui. «Cependant, nous essayons aujourd'hui, avec nos moyens de bord, de renforcer la maintenance et de pallier aux insuffisances enregistrées», a fait remarquer le P.d.-g. de la société.