Cela fait des dizaines d'années que la route classée et baptisée RVE 972 n'est pas opérationnelle à 100%. Toujours en état de piste, les autorités locales et essentiellement la municipalité et l'équipement ont même parlé, à un certain temps, de sa suppression du plan d'aménagement de la ville de Zarzis. C'était de l'intox. Expropriée par les riverains dans plusieurs endroits et principalement devant les hôtels et les résidences-hôtels, pour être reconvertie en plage privée, aménagée, déviée de son cours habituel, parsemée de parasols, plantée de palmiers et d'autres arbres...elle a été tout simplement annexée illégalement aux terrains privés, alors qu'elle appartient au domaine public maritime (DPM), donc à tout le monde. Samedi dernier, un grand nombre d'habitants, dont plusieurs étrangers résidant à Zarzis, se sont rassemblés dans la zone touristique, à proximité des hôtels, dans l'intention de faire renaître cette route de nouveau. «Pour faire face au mutisme de la municipalité et des autorités régionales, avisées à maintes reprises, mais qui semblent impuissantes pour appliquer la loi, nous sommes venus pour le faire à leur place. La plage est à tout le monde», dit R.A., un des protestataires qui sont passés, effectivement, à l'action. Ils ont arraché les parasols, déplacé les grands obstacles de leurs places et essayé de déraciner les palmiers et les arbres qui empêchent les voitures de passer devant un petit hôtel-résidence. «Pourquoi tout ce beau monde a pris d'assaut ce petit hôtel de charme, alors qu'il y a quatre hôtels de ce côté et sept de l'autre où la route est impraticable voire inexistante ? Ne vaut-il pas mieux commencer par le commencement ? Vous croyez qu'on va réussir à faire de même ailleurs ? Impossible», dit un proche parent du gérant de cet établissement, présent sur les lieux. Quant à la propriétaire, elle ajoute : «Je ne comprends rien. C'est une plaisanterie ou un acharnement. Je suis mariée à un Tunisien. J'ai investi ici depuis 30 ans. Je ne dérange personne. J'ai une autorisation légale. J'en déduis tout simplement qu'on veut me chasser. Une route, c'est bien, mais il faut qu'elle passe devant les 10 autres hôtels, et pas uniquement devant le nôtre. Dans ce cas, il n'y aura pas de soucis». Le passage est actuellement accessible pour les piétons, parmi les touristes, les estivants, les pêcheurs… Le travail a été exécuté sans affrontements, et en l'absence de la police municipale et des services de l'équipement. A noter que cette ceinture névralgique existe depuis l'antiquité. Elle longe le littoral, du grand port de pêche de Zarzis jusqu'à la chaussée romaine, à l'entrée de l'île de Djerba.