STRASBOURG (Reuters) — José Luis Zapatero a persisté et signé hier au nom de la présidence espagnole de l'UE sur son idée de doter la future stratégie économique européenne d'un mécanisme de sanctions. Lors de la présentation aux eurodéputés des priorités de son semestre à la tête des Vingt-Sept, le président du gouvernement espagnol a par ailleurs plaidé pour la construction d'une Europe «durable» en matière économique, sociale et énergétique. «La gouvernance exige une méthode communautaire. Sanctions et exigences ne sont pas des mots qui doivent faire peur (...) Si on ne respecte pas les critères de convergence, il faut punir», a-t-il déclaré dans l'hémicycle quelques jours après l'opposition formulée par le ministre allemand de l'Economie à cette idée. «C'est comme cela que fonctionnent le marché intérieur et le pacte de stabilité et de croissance», a-t-il ajouté, recueillant l'assentiment des chefs de groupes conservateurs, socialistes, libéraux et verts. L'une des tâches de la présidence espagnole de l'Union européenne sera de faire aboutir, d'ici fin juin, la nouvelle stratégie de croissance européenne à l'horizon 2020, qui doit devenir l'un des instruments privilégiés de coordination des politiques macroéconomiques en Europe. Le dossier sera au menu des trois prochains sommets de Chefs d'Etat et de gouvernement européens le 11 février, mi-mars et mi-juin et les Vingt-Sept espèrent faire oublier le piteux bilan de la défunte «stratégie de Lisbonne». José Luis Zapatero, qui a insisté à plusieurs reprises au cours des trois heures de débat sur l'engagement européen et européiste du gouvernement et du peuple espagnols, s'est aussi fait l'avocat du renforcement des moyens de la Commission européenne en matière économique. Economie «durable» «L'Union européenne doit avancer vers plus d'intégration et de coopération économique, avec de nouveaux moyens et une autorité renforcée pour la Commission européenne», a-t-il dit. Mais, a cependant fait valoir le chef du gouvernement espagnol, le débat doit aller au-delà des sanctions et porter sur la nécessité de mettre en place de véritables politiques communautaires au service d'une «économie durable», un thème qui lui est cher en Espagne. Il a dressé quatre priorités pour mener à bien cette politique: renforcement de l'indépendance énergétique européenne, développement des investissements en matière d'éducation et de recherche, politique ambitieuse en matière de nouvelles technologies et mise en œuvre d'un plan européen pour les véhicules électriques. «L'Europe doit miser sur elle-même. Elle doit miser sur le développement d'une économie durable», a-t-il dit. «Son but doit être de demeurer le continent du bien-être, de la prospérité et des idéaux». Comme son ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, l'avait fait fin décembre, José Luis Zapatero a insisté sur l'importance des droits civiques et sociaux en Europe, soulignant la volonté espagnole de développer l'égalité hommes-femmes, de mettre en œuvre le nouveau droit d'initiative législative populaire, prévue par le Traité de Lisbonne, ou de rapprocher la politique européenne des citoyens. Sur le plan climatique, il s'est prononcé, après l'échec en décembre de la conférence de Copenhague, en faveur d'une stratégie européenne plus intégrée, dont la responsabilité unique serait confiée à la Commission européenne Il a conclu son intervention en détaillant l'intense agenda diplomatique européen du premier semestre, estimant là encore que l'UE devait assumer ses responsabilités et «miser sur elle-même» pour aider à la création d'un Etat palestinien, raffermir les liens commerciaux avec le continent américain, approfondir la politique européenne de voisinage à l'Est et dans la Méditerranée ou pour mener à bien la reconstruction en Haïti.