Le président du Mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a accusé ceux qu'il a qualifiés de «résidus du RCD dissous» d'être derrière «l'exploitation et la concussion d'éléments criminels pour réaliser des actes d'incendie, de pillage et d'agression qui ont touché, dernièrement, plusieurs institutions et services», selon ses dires. Lors d'une conférence de presse, organisée hier, au siège local du Mouvement, à Tunis, M. Ghannouchi a déclaré que le Mouvement détient des informations faisant état «de l'implication de symboles du RCD dissous et d'hommes d'affaires corrompus dans la manipulation et l'exploitation de ces individus pour les amener à perpétrer des actes de violence et de destruction dans la région de Séjoumi». Il a, d'autre part, considéré ce qui s'est passé comme étant «une tentative de détourner la révolution et de la perturber». Passant en revue ces événements qu'il a qualifiés de «douloureux», le président du Mouvement Ennahdha a indiqué que «le défilement des événements à un tel rythme révèle une certaine note de provocation», rappelant qu'aussitôt informée de l'exposition artistique qui se tient à l'espace El Abdellia et qui «porte atteinte au sacré religieux», l'«Association du juste milieu, de la sensibilisation et de la réforme» a pris l'initiative de dépêcher sur les lieux un avocat et un huissier notaire pour enregistrer ces scènes. Il a ajouté, dans ce contexte, que «le tournant de la situation a eu lieu au moment où l''huissier notaire s'est rendu à une mosquée avoisinante fréquentée par un groupe de salafistes», selon son expression, pour les informer de l'exposition de tableaux «provocateurs à l'égard des sentiments religieux», ce qui a été à l'origine de réactions impulsives de salafistes extrémistes, qui ont été exploitées par les forces contre-révolutionnaires, sous le signe de la protection du sacré. M. Ghannouchi a appelé toutes les forces du pays, structures partisanes et composantes de la société civile, à unifier leurs rangs pour contrer les ennemis de la révolution qui aspirent à la détourner, annonçant que «le Mouvement Ennahdha invite les différentes forces à une marche pacifique, le vendredi prochain, en vue de défendre la révolution et le sacré». En réponse aux interrogations des journalistes, le président du Mouvement «Ennahdha» a précisé «qu'il n'existe aucune contradiction entre la liberté de création et le respect du sacré». S'agissant du couvre-feu annoncé le mardi, il a indiqué que cette mesure est «conjoncturelle», exhortant le gouvernement à décréter sa levée «le plus tôt possible». Il a, par ailleurs, démenti l'information selon laquelle son mouvement disposerait «d'une branche armée», considérant cela comme étant l'une des rumeurs les plus incongrues, dès lors que le parti au pouvoir n'a nullement besoin de telles formations. En ce qui concerne les récentes déclarations du leader d'Al-Qaïda, Adhawahiri, contre le Mouvement Ennahdha, M. Rached Ghannouchi a déclaré que «cet homme est une catastrophe pour l'Islam et les musulmans», précisant que le courant auquel il appartient «fait ravage là où il s'installe».