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«Je préfère voir des visages dévoilés que de les voir portant les masques de l'hypocrisie» Cheikh Rached Ghannouchi, lors de sa première conférence de presse, après les élections
Les droits de la femme, qu'elle soit voilée ou non voilée, seront protégés par la Constitution à venir Ne vous inquiétez pas pour moi, je ne serai pas au chômage Même si certains ne sont pas sûrs de la reconversion démocratique d'Ennahdha, il paraît presque évident que le ralliement de beaucoup d'entre nous au parti du cheikh Rached sera certain. Frappant même. Pour que fausse pudeur et piètres imposteurs de la piété deviennent signes avant-coureurs d'une société où la première formation politique est religieuse. Le Cheikh Rached le sait et le dit ouvertement en avançant lors de sa première rencontre de presse postélectorale qu'il préfère « voir des visages dévoilés que de les voir avec le masque de l'hypocrisie. » Il rappelle par là-même que les droits individuels des uns et des autres seront protégés. Y compris ceux de la femme. « L'Etat n'a pas à se mêler de ce que boivent ou mangent les gens ou comment ils s'habillent. Il ne faut pas se leurrer, Ennahdha est un parti politique structuré, nous ne sommes pas un mouvement soufi… Les droits de la femme qu'elle soit voilée ou non voilée seront protégées par la Constitution à venir. » dit-il. Toujours selon Rached Ghannouchi, la femme occupera la place qui lui échoit dans la société. A commencer par l'Assemblée constituante où la gent féminine nahdhaouie est au nombre de 42 sur un total de 49 femmes. Premier signal envoyé par le parti Ennahdha à leurs détracteurs. « Nous respectons le choix des gens qui n'ont pas voté pour nous. Mais je sollicite mes concitoyens qui durant 30 ans n'ont écouté qu'une seule version des faits évoquant le danger éminent d'un Islam rampant, de nous connaître de près» avance le chef du parti Ennahdha. La démagogie du Cheikh Mais Cheikh Rached ne manquera pas de faire de la démagogie en s'adressant aux citoyens de Sidi Bouzid en flattant des populations désespérées ayant été saignées à blanc par la pauvreté et la misère. «La mèche de la Révolution a éclaté à Sidi Bouzid et on n'aurait jamais été ici sans la bravoure des gens de cette région qui sont restés fidèles à leurs valeurs qui émaillent l'Histoire moderne de la Tunisie. Ils ne doivent pas céder à la violence pour détruire leurs pays» dit-il en ajoutant : «Le nouveau gouvernement aura pour principale urgence d'adresser un regard de considération à cette région et de répondre à ses besoins immédiats. » Le Cheikh ne trouvera pas mieux que de montrer du doigt les débris d'un RCD dissous ayant provoqué autant de déboires à l'annonce des résultats du scrutin. Même si l'on est persuadé qu'un ventre creux n'a pas d'oreilles. Ces populations tant laissées pour compte ont réagi aux présumés propos de Hamadi Jébali qui se serait montré dédaigneux vis-à-vis du chef d'Al Aridha, Hachemi Hamdi ayant drainé la base délaissée de l'ancien RCD. Cheikh Rached a souligné qu'un comportement pareil ne peut jamais émaner du Secrétaire général d'Ennahdha. Quant aux relations d'Ennahdha avec les représentants d'Al Aridha au sein de l'Assemblée constituante, Rached Ghannouchi précise que son parti composera avec tous les membres élus. Sauf que jusque-là les commissions de réflexion pilotées par Ennahdha ont dialogué avec seulement Ettakattol et le Congrès pour la république. « Ennahdha n'écartera aucune force politique dans le pays. Je rappelle que les nationalistes, les progressistes, les communistes, les islamistes et les militants des droits de l'Homme, toutes idéologies et appartenances politiques confondues, étaient unis dans les geôles de Ben Ali et qu'ils étaient rangés sous le même emblème dans le pacte du 18 octobre qui fixe les principes élémentaires des libertés en Tunisie. On doit comprendre que la démocratie, soit elle est pour tout le monde soit elle n'est à personne» fait remarquer Ghannouchi. Les grands chantiers qui attendent Il n'oubliera pas dans la foulée de saluer les partis politiques qui ont félicité Ennahdha pour avoir tenu le haut de l'affiche. «Je salue les partis politiques qui ont fait preuve de grandeur d'esprit en acceptant les résultats du scrutin en félicitant les vainqueurs. Mais c'est la Tunisie qui en est sortie victorieuse. » affirme-t-il. Il remerciera également Kamel Jendoubi le président de la Haute instance supérieure indépendante pour les élections, Caïd Essebsi, Foued Mbazaa et Yadh Ben Achour même si Ennahdha était le premier parti à avoir claqué la porte de la Haute instance. Et qu'en est-il des anciens nahdhaouis, pionniers du mouvement islamique en Tunisie ? Rached Ghannouchi annonce que Salah Karkar sera de retour de son exil en France et que Abdelfattah Mourou qui a choisi de faire cavalier seul lors des élections est toujours considéré comme étant un des leurs. «Mais j'ai toujours dit que Cheikh Mourou n'a pas quitté le parti pour qu'il y revienne. Les pionniers d'Ennahdha seront toujours vénérés.» dit-il. Au rebours de ce que laissent entendre certains alarmistes quant à la réussite d'Ennahdha à jeter les bases d'un consensus national, Rached Ghannouchi ne le répètera pas assez : «Nous tendons la main à tous ceux qui veulent construire la Tunisie de demain.» Quant aux chantiers qui attendent il rappelle que les priorités seront données à la réforme du système judiciaire et celui de la sécurité en insistant sur le fait que l'argent spolié au peuple lui sera rendu. « En politique, il ne faut pas juger les intensions il faut plutôt juger les actes » avance le Cheikh qui nous inspire le Hadith qui dit que « les actes ne valent que par leurs intentions ». On espère que les actes suivront toute la littérature de bonnes intentions déversée sur les citoyens jusque-là et que l'on dépasse cette étape de douce béatitude que nous procurent les nahdhaouis pour passer à l'essentiel. Religieusement. Et le Cheikh dans tout cela ? Une chose est sûre : il ne sera pas condamné à l'oubli puisqu'il le dit lui-même : «Ne vous inquiétez pas pour moi, je ne serai pas au chômage.»