«Nous ne sommes pas demandeurs de portefeuilles ministériels au sein du gouvernement actuel, sous la formule de gouvernement d'union nationale ou de salut national. D'ailleurs, nous ne partageons pas les idées de ceux qui appellent à ce type de gouvernement. Toutefois, nous sommes disposés à offrir au gouvernement de la Troïka notre expertise, notre savoir-faire et notre expérience. L'essentiel est que notre pays surmonte, avec le minimum de dégâts, la période difficile dans laquelle il se morfond depuis quelques semaines». Ainsi, parlait, hier, Béji Caïd Essebsi, au Palais des Congrès à Tunis, devant la foule de ses disciplines, sympathisants voire fans ou supporters qui sont venus écouter son discours annonçant la création de son Parti du mouvement Appel de la Tunisie. Béji Caïd Essebsi, Taïeb Baccouche, Ridha Belhaj, Lazhar Akremi et bien d'autres ont essayé, en usant «d'analyses savantes», de montrer aux présents quelle est la différence entre parti et mouvement pour finir par reconnaître que la législation en vigueur ne prévoit pas de fondation de «mouvement politique». Elle stipule, plutôt, la création de formations appelées «partis politiques» et c'est ce que les membres constitutifs du «Parti du mouvement Appel de la Tunisie» ont fini par faire en déposant, le 14 juin 2012, leur dossier auprès du Premier ministère. Le Parti du mouvement Appel de la Tunisie se veut — comme l'a souligné son fondateur Caïd Essebsi — «un mouvement ouvert à tous les Tunisiens qui désirent servir leur pays. Un mouvement qui regroupera les compétences qui ont assumé des responsabilités, qui ont accumulé des expériences, mais qui étaient exclues en dépit de leur savoir-faire». «C'est aussi un mouvement qui n'est pas un mouvement d'opposition au sens premier du terme, mais plutôt un mouvement de soutien, d'accompagnement de (mouadhadha selon le terme en langue arabe) au service de la Tunisie, et enfin un parti de propositions et d'alternatives». Les principes fondateurs «Notre parti n'aura pas d'ennemis politiques, mais plutôt des adversaires, des partenaires et des alliés. Nous sommes ouverts à coopérer et à coordonner avec toutes les forces qui croient en les principes fondateurs de notre mouvement», souligne encore le Premier ministre de la première étape de la transition démocratique. Et ces principes ou idéaux sont clairs, concis, faciles à retenir et surtout très séducteurs pour des militants centristes et attachés aux exigences de la modernité. Il s'agit de la foi en la suprématie de la loi et de la pérennité des institutions, de l'attachement à l'article 1er de la Constitution de 1959 qui synthétise l'identité islamique de la Tunisie, de la préservation des acquis modernistes accumulés au fil des décennies et en particulier le Code du statut personnel, de la citoyenneté en tant que fondement du vivre-ensemble, de la démocratie en sa qualité de système de gouvernance le plus juste et équitable et de la justice sociale, à travers la mise au point d'une politique de développement équilibré entre les religions. Et comme l'on s'y attendait, Caïd Essebsi n'a pas oublié les Rcédistes, voire les destouriens menacés d'exclusion de la vie politique pour marteler que seule la justice est habilitée à prendre une telle décision, «sur la base de la responsabilité individuelle et non en recourant aux sanctions collectives. Les destouriens ont contribué à l'édification de la Tunisie. Ils ont commis de graves fautes et personne ne peut nier ces vérités. Seulement, il est inadmissible qu'ils soient écartés abusivement de la vie politique et privés de la participation à la construction de la Tunisie révolutionnaire». Il est à préciser que le comité constitutif du Parti du mouvement d'appel de la Tunisie comprend les personnalités suivantes : Béji Caïd Essebsi, Lazhar Karoui Chebbi, Taïeb Baccouche, Boujemaâ R'mili, Lazhar Akremi, Ridha Belhaj, Mohsen Marzouk, Ouafa Makhlouf, Anis Ghedira, Slim Chaker et Selma Rekik.