• A priori, la préfiguration d'une bipolarisation de la vie politique: un grand mouvement religieux face à un grand mouvement libéral dans un jeu d'alternance» L'initiative lancée le 26 janvier 2011 par l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi devrait prendre prochainement forme et déboucher sur la création d'un mouvement politique, apprend-on auprès du groupe de travail chargé de donner corps à l'initiative et de définir ses grandes orientations. «La question vient d'être tranchée après de longues discussions. La création d'un mouvement politique en bonne et due forme sera annoncé d'ici la mi-juin prochain », déclare Lazher Akremi, membre actif de ce groupe de travail, indiquant que «cette entité politique plus ouverte et moins dogmatique qu'un parti politique classique repose sur les fondements de l'initiative lancée par Caïd Essebsi, à savoir le centrisme, la tolérance et la modernité.
En ce qui concerne les objectifs de ce mouvement, M. Akremi souligne qu'il vise à «instaurer une vie politique bipolaire, avec deux grands partis politiques, l'un de tendance religieuse et l'autre d'obédience civile, avec pour l'un et l'autre de petites formations politiques qui constitueront un peu leurs satellites. Il s'agit plus exactement, selon lui, de favoriser l'émergence de deux majorités qui exercent le pouvoir par alternance. Les petits partis seront, quant à eux, poussés à évoluer pour se transformer en ailes ou tendances au sein des grands partis.
Adhésions à titre individuel
Les partis qui se réclament de la tendance centriste comme le Parti Républicain, né essentiellement de la fusion entre le Parti Démocrate Progressiste et Afek Tounes, ou encore la Voie démocratique et sociale, issue de la fusion entre Ettajdid, le parti du Travail Tunisien et les indépendants du Pôle démocratique moderniste, peuvent-ils rejoindre le nouveau mouvement ? «Les adhésions au mouvement se feront à titre individuel afin d'éviter les dissensions et les tiraillements inutiles. Nous comptons brasser large dans les rangs des 40% des Tunisiens qui ne sont pas engagés dans des partis politiques», précise M. Akremi. Et d'ajouter : «nous ouvrons nos portes à tous les Tunisiens convaincus de la nécessité d'instaurer un régime démocratique ».
Comment le nouveau mouvement compte-t-il alors fédérer l'opposition surtout que Caïd Essebsi avait appelé dans son initiative à l'ensemble des forces politiques à se regrouper autour d'une alternative à l'actuelle troïka au pouvoir ? «La création d'une coalition électorale réunissant plusieurs partis centristes reste fort probable, voire vivement souhaitée», répond l'ancien ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur chargé des réformes dans le gouvernement de Caïd Essebsi.
A noter dans ce cadre que plusieurs membres du groupe de travail chargé de donner corps à l'initiative de Caïd Essebsi sont déjà des dirigeants d'autres partis, à l'instar de Boujemaâ Remili, coordinateur de la Voie démocratique et sociale et d'Omar S'habou, secrétaire général du Mouvement Réformiste Destourien.
Quatrième vie politique
Ministre sous Bourguiba président de l'Assemblée nationale sous Ben Ali et Premier ministre provisoire durant la première année post-révolutionnaire, Caïd Essebsi entame ainsi sa quatrième vie politique. Dans le cadre de son initiative lancée fin janvier dernier, cet avocat de formation et ancien sorbonnard, a évoqué une « régression en Tunisie», tout en pointant « l'apparition de formes extrémistes violentes menaçant les libertés publiques et privées », en allusion à l'activisme salafiste violent.
Certains de ses détracteurs l'accusent, toutefois, d'avoir torturé les youssefistes lorsqu'il était directeur de la sûreté nationale et ministre de l'Intérieur sous Bourguiba. D'autres lui reprochent, toutefois, d'avoir usé du gros bâton pour étouffer certaines revendications sociales au nom de la «restauration du prestige de l'Etat» lors de son passage à la primature après la révolution. En réponse à ces critiques, l'homme politique aguerri dément toute implication dans la répression contre les youssefistes et affirme que la politique sécuritaire « dure » adoptée après la révolution était le meilleur moyen de sortir de la zone de turbulences avec les moindres dégâts. «Face aux revendications sociales pressantes du peuple dans la phase post-révolution, il est impératif d'adopter un processus progressif. Les protestataires ont certes le droit de s'exprimer mais il faut également faire régner l'ordre», a-t-il notamment répondu à ses détracteurs.
Walid KHEFIFI L'affaire intentée en justice contre Béji Caïd Essebsi reportée au 5 juin 2012 Le tribunal de première instance de l'Ariana a décidé, hier, de reporter l'examen de l'affaire intentée par le prédicateur Mohamed Boussarsar contre l'ancien Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, au 5 juin 2012 sur demande de la défense d'Essebsi, qui comprend désormais le bâtonnier Chawki Tabib ainsi que Me Faouzi Ben Mrad et Lazhar Karoui Chebbi. Me Jamel Jebahi, avocat de Boussarsar, s'est opposé à cette décision de report, indiquant au correspondant de l'agence TAP que le comité de défense de Béji Caïd Essebsi "a exigé le report pour préparer les éléments de défense alors que le dossier de l'affaire est prêt pour examen". De son côté, Me Ridha Belhaj représentant d'Essebsi a estimé que le report est "tout à fait normal" dès lors qu'il permettra de prendre connaissance de tous les tenants et aboutissants de l'affaire. Il est à rappeler que l'accusation portée contre l'ancien Premier ministre, Béji Caid Essebsi est "crime de diffamation", conformément à l'article 57 du décret-loi n°115 relatif à la presse, crime passible d'une sanction pénale. M. Essebsi avait porté plainte contre Boussarsar pour incitation à la haine contre des individus sur les places publiques et incitation au meurtre, non suivi d'effet.