Le couvre-feu qui a été décrété suite aux actes de violence salafistes qui ont eu lieu en réaction à l'exposition au palais El Abdelliya a porté un coup dur au tourisme. Les agences de voyages, les hôteliers ainsi que tous les professionnels du secteur sont à cran et craignent que les touristes ne tournent le dos à la destination Tunisie. La réaction de ces derniers ne s'est pas fait attendre. Une marche de protestation à laquelle ont pris part des centaines de guides touristiques, des agents de voyages et des hôteliers, a été organisée, hier, à l'avenue Habib-Bourguiba, pour réclamer davantage de sécurité sur tout le territoire. Ces derniers se sont dirigés vers le ministère de l'Intérieur, appelant à la collaboration avec les forces de l'ordre, afin de sauver la saison touristique du marasme. Les manifestants, qui ont entonné l'hymne national sous le regard des agents de sécurité postés sur l'avenue, ont scandé plusieurs slogans : «Le tourisme : entre déclarations officielles et réalités», «Tourisme : 40.000 emplois en sursis», «La Tunisie est un Etat de droit», «Un appel de détresse pour sauver le tourisme», «L'agent de sécurité est un héros», «Le tourisme a besoin de sécurité et de stabilité». Des membres du syndicat national des guides de tourisme indépendants ont affiché leur exaspération face à la menace salafiste qui pèse sur la saison touristique et qui vient saboter les efforts destinés à relancer le tourisme. «Notre gagne-pain est menacé, souligne Najoua Bouhwaya, guide touristique, il faut sécuriser les circuits touristiques. Je trouve inconcevable qu'un touriste, qui vient passer ses vacances en Tunisie et qui choisit soit d'aller au sud ou au nord, se retrouve un jour en face d'un barrage. Par ailleurs, décréter le couvre-feu revient à signer l'arrêt de mort du tourisme. Des touristes qui avaient prévu de venir passer leurs vacances en Tunisie ont annulé leur réservation dès qu'ils ont entendu parler de ce couvre-feu. De tels actes de violence ne doivent plus se reproduire si on veut sauver la saison touristique». L'impact des actes de violence s'est ressenti négativement sur l'activité des agences de voyages qui affichent de l'inquiétude face au ralentissement du rythme des réservations. «Je travaille sur les circuits du Sud et du Cap Bon. J'organise des excursions dans les villes du Sud, a relevé, pour sa part, Faouzi Romdhane, propriétaire d'une agence de voyages. Les Hollandais et les Belges sont ma principale clientèle. Avant le couvre-feu, l'agence de voyages faisait près de cent-cinquante réservations par jour. Depuis le couvre-feu, nous ne faisons plus que trente à quarante réservations par jour». Les actes de violence qui ont émaillé la capitale, au cours des derniers jours, ont souillé l'image de la Tunisie en portant un coup dur au secteur du tourisme, observe Mouna Koubaâ, chef d'une agence de voyages et secrétaire générale de la Fédération tunisienne des agences de voyages. «Ces actes de violence nous ont joué un très mauvais tour, a affirmé la jeune femme. Il y a eu plusieurs annulations au niveau des agences de voyages et des hôtels même les Tunisiens hésitent à aller passer leurs vacances à l'hôtel. Nous demandons aux agents de sécurité de faire régner l'ordre et d'appliquer la loi car c'est notre gagne-pain qui en dépend». De son côté, Nabil, chef d'agence, s'inquiète de la répercussion de la situation sur les Tunisiens résidents à l'étranger qui se sont désistés après les actes de violence qui sont survenus. «Beaucoup de résidents à l'étranger ont contacté l'agence pour savoir si la situation s'est stabilisée. Certains ont annulé leur réservation. D'autres attendent que la situation se calme pour faire leur réservation. C'est un coup dur pour le tourisme» . Donnant une conférence de presse sur l'avenue, les présidents de la Ftav et de la FTH, ainsi que les représentants du syndicat des artisans et de la chambre régionale du commerce et de l'artisanat, qui ont souligné que 400.000 emplois sont menacés par l'instabilité qui règne dans le pays, ont appelé au calme et au retour à l'ordre et ont exhorté les forces de l'ordre à faire régner la sécurité, afin de sauver la saison touristique.