Le couvre-feu à durée indéterminée, décidé depuis mardi par le gouvernement, risque fort de noyer un tourisme qui peine déjà à se relever. En effet, cette décision et les implications qui en découlent en termes de facilité de circulation pour les touristes et d'image de marque de la Tunisie risque de signer la fin de la saison touristique. Mohamed Ali Toumi, président de la Ftav (Fédération tunisienne des agences de voyages), qualifie cette décision de catastrophique, précisant qu'elle peut, en effet, hypothéquer toute la saison. «Si on ne lève pas au plus tôt l'état de couvre-feu, les TO procéderont à l'annulation des charters», souligne-t-il. Il nous apprend, par ailleurs, qu'une délégation de la Ftav et de la FTH (Fédération tunisienne de l'hôtellerie) a rencontré, hier, le ministre du Tourisme pour lui signifier la nécessité et l'urgence de lever le couvre-feu. M. Toumi note que les professionnels seraient prêts à sacrifier une saison de plus mais encore faut-il que le problème d'insécurité soit, définitivement, résolu et s'interroge, enfin, pourquoi on n'opterait pas pour un renforcement de la sécurité dans les villes touristiques au lieu d'instaurer le couvre-feu Afif Kchouk, de la FTH, souligne, pour sa part, que la fédération s'attendait à cette recrudescence de la violence et a publié, depuis déjà deux semaines, un communiqué où elle attirait l'attention du gouvernement sur la gravité des incidents qui se produisaient dans certaines régions. «Suite aux derniers actes de violence et à la décision du gouvernement de décréter le couvre-feu, nous assistons à des annulations de réservations, principalement au niveau des hôtels d'affaires de la capitale et ses environs ainsi qu'au niveau des hôtels de certaines stations balnéaires», souligne-t-il encore. Il ajoute qu'il y a, également, lieu de s'inquiéter quant à la gestion des vols charter, généralement nocturnes, et que l'état de couvre-feu risque de bloquer d'autant plus que les trois aéroports Tunis-Carthage, Monastir et Enfidha sont situés dans des régions concernées par le couvre-feu. «Notre vœu est que ce couvre-feu ne dure pas plus qu'il n'en faut car non seulement on risque d'assister à des rapatriements de touristes mais aussi à une fin prématurée de la saison», relève-t-il enfin.