• Bénéficiant des tarifs «low cost» des compagnies aériennes, le client «mid week» part en vacances 4 ou 5 fois par an. Il diversifie ses destinations et multiplie ses attentes. • Il faut inviter des journalistes étrangers, des leaders d'opinion, des people et leur organiser des visites à travers le pays. «Les avis de ces gens sont de nature à inciter leurs compatriotes à visiter la Tunisie», explique M. Belajouza. Deux mois passés, le tourisme tunisien n'a pas encore montré des prémices de relance. Pour la saison 2012, « on ne peut s'attendre à une reprise de l'activité qu'à partir de la fin du mois d'avril-début mai», relève M Mohamed Belajouza, président de la Fédération tunisienne du tourisme (FTH). Pourtant, quelques marchés, à l'instar des marchés allemand et anglais, ont affiché une légère reprise. La question qui refait à chaque fois surface est comment sauver la saison touristique 2012? « Il est vrai que le niveau des réservations est en deçà de celui de notre année de référence, 2010, mais il convient de préciser qu'il n'y a pas eu d'annulations», positive-t-il. Le rythme des réservations pourrait se consolider si certains pays méditerranéens concurrents, à savoir la Grèce et l'Egypte, ne retrouvent pas le calme. Les clients opteront, probablement, en dernier recours au séjour low-cost de la région. Aujourd'hui, la Tunisie est la destination la moins chère du bassin méditerranéen, sans pour autant être la plus compétitive. En effet, avec de tels niveaux de prix bradés, les unités touristiques sont moins rentables que leurs concurrentes directes, notamment turques et marocaines. En somme, c'est entre un endettement galopant et des prix dérisoires que se dresse la réalité effrayante d'un secteur qui fut la locomotive de l'économie nationale pendant plusieurs années. Communiquer pour rassurer Dans l'immédiat, il faut entreprendre des actions de communication. L'objectif est de rassurer les clients et véhiculer l'image d'un pays calme où la sécurité règne. Pour ce faire, il faut inviter des journalistes étrangers, des leaders d'opinion, des people et leur organiser des visites à travers le pays. «Les avis de ces gens sont de nature à inciter leurs compatriotes à visiter la Tunisie» explique M. Belajouza. Cette demande des hôteliers est partagée par les tour opérateurs étrangers. Ces derniers, dit-il, ne manquent pas une occasion pour réitérer que «la Tunisie, nous la connaissons, nous l'aimons, c'est notre gagne-pain mais faites quelque chose pour que le client l'adopte ». D'où il faut s'engager sur de nouvelles campagnes plus efficaces, notamment des véhicules de communication plus performants. «Il faut passer par la télévision» estime-t-il. Au contraire de nos concurrents, la Tunisie n'a pas investi dans ce support de communication. «Les campagnes d'affichage ont montré leurs limites», ajoute le président de la FTH. Parallèlement, la promotion du secteur passe par des opérations de relations publiques de haut niveau sur les différents marchés émetteurs. Ainsi, il est conseillé d'inviter les dirigeants des TO et les faire recevoir par de hauts responsables. Le canal web, pour sa part, est de nos jours incontournable. Plus de 50% des clients, même ceux qui achètent sur les réseaux classiques, consultent le site de l'hôtel et les sites comparateurs. Avec «des avis objectifs des clients» et des classements crédibles, aux yeux des clients, les sites comparateurs sont devenus un véritable baromètre du secteur. «Pour l'hôtelier, ces classements sont aussi importants que la restauration ou l'hébergement», commente le responsable. La présence sur ces sites permet de répondre en temps réel aux réclamations et d'adapter l'offre à la lumière des avis des clients. Conscient des apports de ce mode de communication, le nombre d'hôteliers disposant de sites marchands ne cesse de grimper. «Ce bouche-à- oreille à travers le web est beaucoup plus réel qu'une brochure d'un TO», note-t-il. Comparée aux pays concurrents, la Tunisie y alloue des budgets limités, de 40 à 45 millions de dinars, ne permettant pas de bénéficier des supports de communication les plus performants, notamment la télévision. En effet, toutes les études s'accordent à ce qu'une enveloppe de 4 à 5% des recettes du secteur doit être allouée à la promotion des produits touristiques. Aujourd'hui, seuls les hôteliers et les agents de voyages contribuent à l'alimentation de ce fonds de promotion à raison, respectivement, de 1% du CA et de 1,8 dinar par siège de bus. La contribution doit se généraliser, dit-il, à tous ceux qui génèrent des recettes touristiques, à savoir les compagnies aériennes et maritimes, les offices aérien et maritime, les banques, les magasins d'artisanat, les restaurants touristiques classés, les loueurs de voitures, les musées... En même temps, une taxe d'entrée pour les touristes est de nature à générer des ressources sans pour autant alourdir le budget du touriste. Il est, également, conseillé que les professionnels du secteur gèrent, par eux-mêmes, ces budgets. « Car marketing-bureaucratie est un mariage contre nature», insiste-t-il. Lutter contre la saisonnalité «Notre produit est pauvre», affirme l'hôtelier. C'est un mono produit balnéaire pour familles à revenus moyens. D'où la saison se limite aux vacances d'été et à un segment de marché peu juteux. Or, «actuellement, le touriste est tellement sollicité par d'autres offres qu'il faut lui présenter plus», explique-t-il. Autrement, on risque de perdre tous les segments. Donc, le mot d'ordre est de diversifier l'offre touristique. De la thalasso au golf, en passant par les festivals, l'offre est de moins en moins tributaire des produits hôteliers. En fait, l'offre de l'hôtelier est complétée par ces produits, ces structures et ces organisateurs. De nos jours, les Européens partent en vacances 4 à 5 fois par an. Bénéficiant des tarifs low cost des compagnies aériennes, le client «mid week» diversifie ses destinations et ses attentes. « Malheureusement, chez nous, l'open sky est reporté d'année en année, jusqu' à 2013», déplore-t-il. L'hôtelier tunisien, dans des conditions normales d'exploitation, en d'autres termes dans des conditions financières meilleures, est capable de concevoir des produits hautement concurrentiels. «Puisque la technicité confirmée existe», conclut le président de la FTH.