Le départ d'un régime mafieux est avantageux à plus d'un titre. En premier lieu, il s'agit d'un assainissement de l'environnement des affaires. Et en deuxième lieu, ces opérateurs qui ont bénéficié, durant plusieurs décennies, de délit d'initié, de jeux d'influence ont réalisé un bilan dense de 320 entreprises réparties sur tous les secteurs d'activité qui valent plusieurs milliards de dinars. Certes, les évaluations ne sont pas encore arrêtées, mais on ne cesse de rappeler qu'il faut préserver ces valeurs et les fructifier. En effet, ces groupes de sociétés d'envergure sont dotés de montages financiers sophistiqués, de positionnements exemplaires dans leurs domaines et regorgent de compétences. Il s'agit d'une offre alléchante pour plusieurs opérateurs, notamment l'Etat et les investisseurs privés. A cet égard, le conseil d'administration de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) a décidé, récemment, la création d'un holding chargé de l'acquisition de certaines entreprises confisquées de l'ex-clan au pouvoir. Pour sa part, le président de la Bourse de Tunis a appelé à l'accélération du processus d'évaluation des entreprises confisquées et à lancer des appels d'offres nationaux et internationaux pour la cession de ces unités. En plus, la cession des parts de l'Etat est de nature à générer des fonds précieux pour le budget de l'année en cours. Ainsi, entre les pressants besoins budgétaires de l'Etat et l'opportunisme légendaire des investisseurs, ces entreprises ne sont pas à l'abri de scénario de mauvais augure. Pour préserver ces richesses, depuis les premiers mois de la révolution une commission a été créée pour la confiscation des biens mal acquis afin de les restituer à l'Etat. Dès lors, des réformes et des nominations ont été adoptées pour améliorer le rendement de ce processus. Mais la question reste posée: ces jeunes structures chargées de la confiscation et de la gestion de ces entreprises seraient-elles en mesure de contrecarrer les tentatives des professionnels chevronnés ? Et quels seront les principaux risques inhérents à la confiscation ?