Sur fond d'un désaccord total entre le gouvernement et la Présidence de la République, Baghdadi Mahmoudi, le dernier Premier ministre du colonel Mouammar Kadhafi, a été extradé, hier, et livré aux autorités de son pays. La dépêche annonçant son extradition provenait du Premier ministère, confirmant, ainsi, l'information selon laquelle l'ordre d'extradition n'a pas été signée par le Dr Marzouki, président de la République provisoire. «Pour nous, c'est une décision illégitime et portant atteinte aux compétences du président», martèle Adnène Moncer, porte-parole de la Présidence, qui va plus loin pour révéler que le Dr Marzouki a découvert l'information comme tout le monde, après sa diffusion par l'Agence TAP. De son côté, Abdessattar Ben Moussa, président de la Ligue des droits de l'Homme, dénonce «une décision en contravention avec les principes élémentaires des droits de l'Homme». Mabrouk Kourchid, avocat de Baghdadi Mahmoudi, s'indigne de la décision du gouvernement Jebali de livrer son client aux autorités libyennes incapables de lui assurer un jugement équitable conformément aux normes internationales. Mustapha Yahiaoui, chargé du dossier Mahmoudi au ministère de la Justice, considère, pour sa part, que «l'extradition a été décidée suite au rapport de la commission d'enquête tunisienne et à l'engagement du gouvernement d'assurer la protection de Mahmoudi». Maintenant, l'on est en droit de se poser la question suivante : Le gouvernement Jebali n'a-t-il pas commis une nouvelle erreur en faisant fi de l'avis de l'un de ses principaux alliés, le président Marzouki et son parti le CPR, ce qui ouvre la voie à une grave crise au sein même de la Troïka ? Aussi est-il légitime de se demander : La Troïka a-t-elle les moyens de surmonter cette nouvelle crise ou est-elle en train de s'effriter ?