Le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, M. Samir Dilou, a déclaré que les violations des droits de l'Homme dans tout Etat ne «s'arrêtent pas avec le changement du régime en place», affirmant que «la rupture avec le passé, qui a été marqué par la violence de l'Etat, impose des réformes institutionnelles et juridiques, en plus du changement des mentalités». Il a ajouté, lors d'une conférence de presse, organisée hier, à Tunis, à l'occasion de l'annonce de création de la Ligue tunisienne des droits et libertés (Ltdl), que la coordination entre les associations des droits de l'Homme devra permettre «d'interdire l'hégémonie de l'Etat et le monopole d'une seule partie sur les questions des droits et libertés dans le pays». M. Dilou a, par ailleurs, déclaré que l'affaire de Baghdadi Mahmoudi ne comprend pas, selon lui, d'éléments susceptibles «de le placer sous l'effet des conventions et accords internationaux ou d'empêcher son extradition vers le territoire libyen». De son côté, le président de la Ltdl, Fathi Ghazouani, a indiqué à la TAP que l'Organisation s'est fixée des objectifs urgents qui consistent en la réactivation du décret-loi relatif à l'amnistie générale et à la réalisation de la justice transitionnelle, ainsi que des objectifs futurs, en l'occurrence la protection sanitaire et psychique des victimes de violations, d'injustice sociale et de disparités régionales. Il a précisé que la ligue est indépendante de tout courant et parti politique et qu'elle oeuvrera à recenser les violations dans toutes les régions et domaines en vue d'attirer l'attention des autorités à leur sujet. La Ltdl veillera également, en coordination avec d'autres structures et associations à l'instar de la Ligue des anciens de l'Union générale tunisienne des étudiants (Ugte), à diffuser la culture des droits de l'Homme, particulièrement dans le milieu universitaire. Au cours de la conférence, des témoignages filmés de victimes des violations parmi les prisonniers militaires et civils sous l'ancien régime, ont été projetés. L'accent a été mis, à cette occasion, sur les répercussions de ces violations sur leur santé et leur famille. Plusieurs anciens militaires ont insisté sur la nécessité d'accélérer et de réactiver l'amnistie générale afin qu'ils puissent réintégrer leurs fonctions, dont ils avaient été renvoyés sous l'ancien régime.