Par Hamma HANACHI Samedi 16 juin. Brigitte Engerer, pianiste mondialement connue, s'est éteinte à l'âge de 59 ans. A l'unanimité, médias, musiciens et chroniqueurs ont salué en elle, la grande pianiste à l'exceptionnelle énergie, qui a combattu sa méchante maladie avec l'appétit de la vie et l'amour de l'art. Les titres des rubriques musicales, radios, télés ou blogs rivalisent de générosité envers celle qui leur a donnés au-delà des gammes une leçon de courage, «Jouer du piano me guérit », disait-elle. Le monde de la musique est en deuil. Tunisienne de naissance, elle a commencé la musique à 5 ans. Parcours tracé des doués, conservatoire à Paris, concours et prix, son attirance vers la musique slave la pousse à traverser ce qu'on appelait le rideau de fer, elle part à Moscou rejoindre la classe du maître de piano, Stanislas Neuhaus. Etudier en Russie n'était pas chose mince affaire à cette époque, mais elle voulait élargir sa technique française « précise » et la confronter aux grandes œuvres lyriques russes. Pas de barrière dans sa tête, ni de frontières dans la connaissance de la musique, elle parfait sa formation, son jeu et sa technique affrontant les flamboiements de Borodine, les angoisses de Tchaïkovski, ou les violences de Moussorgski en y insufflant son talent. Neuf ans d'études, «Une partie d'elle-même est devenue russe à jamais», notait son maître. Retour en France, une série de concerts brillants, succès public et critique immédiat, Von Karajan l'invite en Allemagne en 1982 à l'occasion du centenaire de l'Orchestre philharmonique de Berlin, elle joue sous la baguette de Daniel Barenboïm dans l'Orchestre philharmonique de Paris, puis dans le New York Philharmonic Orchestra, sous la direction de Zubin Meta, Ozawa, Rostropovitch, etc. Sollicitée, elle se produira dans les festivals, enflammant les grandes scènes. Son répertoire s'étend de Bach à Beethoven, de Mozart à Rachmaninov, de Schubert à Ravel, Gershwin, Schumann... Comme elle avait un penchant marqué pour la musique romantique, elle partageait sa vie de pianiste de musique de chambre avec ses amis, Boris Berezovsky, l'altiste, Gérard Caussé (qui lui a rendu un témoignage sur les ondes, avant-hier), le chœur Accentus et surtout son violoncelliste préféré Henri Demarquette. Elle a été mariée à l'écrivain Yann Queffelec, qui a écrit un texte accompagnant l'album « Souvenir d'enfance» (Mirare 2007). Dévoreuse de littérature, amatrice d'art, partageuse-née, elle ne conçoit la musique qu'avec le public; aussi, elle crée Pianoscope, à Beauvais (France), où se relaient sans arrêt récitals musiques de chambre, master class, discussions et rencontres avec le public. « La musique classique n'est pas un musée », disait-elle, participant régulièrement à la Folle Journée de Nantes, elle en devient la marraine. Une discographie riche, de prestigieux prix et distinctions et des décorations. Son dernier concert se déroule en juin dernier au Théâtre des Champs-Elysées, là où elle fit sa première apparition quelques décennies plus tôt. Demain, vendredi, Radio Classique lui consacre tous ses programmes. Souvenir. Deux concerts en 2002 et en 2003, à l'Octobre musical de Carthage, au programme : Grieg, Schumann (un de ses préférés) et Beethoven. Se trouvant en famille ou avec des amis, elle engageait des discussions sur sa musique, ses amitiés, Tunis d'antan. Sa tante, qui n'a pas quitté Tunis, s'installait au premier rang, pas peu fière, nous apprend-on. Un hommage en octobre prochain ? ********** Impression de voir un vieux film. Les anciens chefs- d'œuvre nous attirent pour plusieurs raisons qu'il est inutile de citer ici, mais cette énième version est ennuyeuse et sent le moisi. Titre de l'émission « Bi kolli hourria » (En toute liberté), sujet : le tourisme. Invités : le ministre, un hôtelier, un voyagiste, un docteur en tourisme. Cela fait des années qu'à l'approche de la haute saison, on repasse le même nanar, le plateau est composé de responsables chevronnés, invités à donner leurs diagnostics sur le tourisme, un corps en décomposition, de l'avis général. Les chapitres du scénario ne changent pas; en vrac, cela donne la crise, conjoncturelle ou structurelle, l'éloquence des chiffres, le rôle du secteur dans l'économie du pays, le Tunisien et la réservation, la cherté des hôtels, la promotion à l'étranger, l'image de la destination, la concurrence, les errements de l'administration, l'endettement des professionnels, la corruption, les réservations de dernière minute, le rôle de l'Internet, l'artisanat, le tourisme alternatif...Cherchez l'intrus. Les responsables s'en tirent toujours avec brio, mais le discours est banalisé, sans effet, lassant à force d'être rabâché, un cautère sur une jambe de bois.