Les derniers évènements survenus dans la région ont créé une atmosphère d'ébullition dans la ville de Ben Guerdane en particulier. En effet, dès l'annonce de l'extradition de Baghdadi Mahmoudi, une manifestation a eu lieu, jeudi, dans les artères de la ville. Composée essentiellement de jeunes scandant des slogans hostiles aux pro-Américains, brandissant une banderole et l'ex-drapeau vert de la Libye, elle s'est dispersée sans heurts dans la matinée. Puis, la nouvelle faisant état de la mort du marin-pêcheur Ammar Labiadh est venue jeter de l'huile sur le feu. La tension est alors montée d'un cran. Les routes principales ont été fermées provisoirement et la circulation a été perturbée. Simultanément, les demandeurs d'emploi se sont attroupés devant la délégation. Tout cela s'est produit en plus de la grève observée par le personnel médical et les postiers. Hier, la situation ne s'est pas améliorée. Une autre grève déclenchée, cette fois, par les agents de la Société régionale de transport du gouvernorat de Médenine (Srtgm) a posé quelques problèmes à ceux qui sont dépourvus de moyens de transport. Le poste frontalier de Ras Jédir a également connu l'arrivée d'un nombre réduit de travailleurs tunisiens fuyant la Libye. L'un d'entre eux, Mohamed Z., de Gabès nous a confié : «Ils nous ont agressés, humiliés et chassés, sans nous payer». Haj Khmaïes, un Libyen présent sur place, a vite commenté : «C'est un cas isolé. Il ne faut pas généraliser. Les deux peuples libyen et tunisien restent frères, malgré les soubresauts rares et sans importance». A Zarzis, la situation n'est pas meilleure. Les pêcheurs ont observé un sit-in qui n'a pas duré; juste au moment de l'arrivée des 21 marins de la Libye. Les diplômés du supérieur continuent à manifester quotidiennement et pacifiquement. Le personnel médical et les agents de la poste ont fait grève, comme partout ailleurs. Le vendredi, jour de souk hebdomadaire, n'a pas connu assez d'activités, comme d'habitude, en raison de l'immobilisation du parc de la Srtgm due à la grève de son personnel. A ce propos, M. Abdelaziz Chargui, secrétaire général du syndicat, a déclaré que «la direction de la société a fait une volte-face de 180 degrés. Après avoir conclu et signé un accord avec le syndicat, le P.-d.g. de la société est revenu sur sa décision. Nous avons laissé passer les examens (bac, neuvième, semaine bloquée) et nous sommes revenus à la charge, pour demander nos droits. C'est un nouveau message et nous sommes prêts pour d'éventuelles négociations.»