Par Soufiane BEN FARHAT La célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie n'est guère passée inaperçue, des deux côtés de la Méditerranée. Encore une fois, les deux rives ont saisi l'ampleur des liens qui les unissent. Des liens d'attraction et de rejet, de conquêtes et de ferme volonté d'indépendance, d'échange et d'imprégnation. Aujourd'hui, le Maghreb se retrouve dans une séquence essentielle de son devenir. Et, encore une fois, l'indépendance est au cœur des enjeux géostratégiques de la région. Une région somme toute si convoitée et du coup éminemment stratégique dans les dynamiques du monde contemporain. L'indépendance des pays maghrébins est un double enjeu. D'abord, vis-à-vis des nébuleuses terroristes et de leurs commanditaires. Il n'est un secret pour personne qu'Al Qaïda et ses réseaux ont établi leurs quartiers du côté du Nord du Mali. Ils comptent en faire une espèce de sanctuaire dans leur tentative de conquête des pays maghrébins. Leurs ramifications en Libye et ailleurs sont on ne peut plus évidentes. D'autre part, les pays maghrébins font face à la tentative d'instrumentalisation du Printemps arabe à des fins de mise au pas néocoloniale. Initié en Tunisie début 2011, le cycle des révolutions du Printemps arabe est convoité par les Etats-Unis d'Amérique, leurs alliés et leurs vassaux. Etrangement, ils y décèlent des opportunités de nouvelle hégémonie. Ils n'ont de cesse d'introduire leurs pions sur l'échiquier en vue d'engranger les évolutions à leur profit. Cela a été particulièrement de mise en Libye, où les forces de l'Otan ont renversé le régime, moyennant l'étroite implication militaire, politique et médiatique du Qatar. Sans parler du financement occulte et évident des groupuscules impliqués dans le conflit particulièrement sanglant. Paradoxalement, le Qatar, émirat semi-féodal gouverné par une famille, s'est retrouvé aux avant-postes d'une révolution aux revendications démocratiques. Bien évidemment, loin du Qatar de penser et d'agir en vertu de l'adage qui instruit que charité bien ordonnée commence par soi-même. Et loin des Américains de le lui rappeler. Ce qui a motivé le Qatar dans le drame libyen, c'est tout simplement son statut de principale base militaire américaine dans la région. Et une base militaire, ça fournit des armes mortelles en cas de guerre. Ce qui fut pleinement assumé par la pétromonarchie du Golfe. Aujourd'hui, bien des intellectuels et consciences vives du Maghreb craignent la mainmise des pays étrangers. Qu'ils s'amènent au nom de principes philanthropiques, de fraternités factices, arabes ou islamiques, c'est tout comme. Les prétextes diffèrent, la tentative de mise au pas demeure. Au fil de l'histoire, les pays maghrébins ont fait face à de puissantes charges coloniales et d'asservissement. Et, au fil des âges, les Maghrébins ont été particulièrement farouches dans leur lutte pour l'indépendance. Ils sont rompus à ce genre de combats. Raison pour laquelle les habitants originels de cette région s'appellent les Amazighs, littéralement les hommes libres et fiers. Aujourd'hui encore, le Maghreb arabe fait face aux mêmes défis des vaillants ancêtres. La région est toujours convoitée par les puissances impériales et par leurs phalanges grimées tantôt en pays frères, tantôt en pays amis. Le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie survient quelques mois après la célébration du cinquante-sixième anniversaire de l'indépendance de la Tunisie. Le Maroc, la Libye et la Mauritanie ne sont guère en reste. Tous unis pour l'indépendance. Qui demeure toujours une réalité immédiate et tangible.