Au cours d'une cérémonie organisée hier au siège du ministère de l'Agriculture, un hommage a été rendu à M. Santiago Galan, investisseur espagnol en Tunisie, représentant de «Sunlucar Fruit, SL», une société agricole totalement exportatrice, basée à El Hamma (Gabès) depuis 2008 et spécialisée dans la production et la commercialisation des fruits et légumes. L'investisseur espagnol reçoit ainsi l'hommage de la Tunisie pour avoir préservé son projet dans les moments les plus difficiles de la révolution, résisté aux mouvements de contestation sociale et, surtout, pour avoir décidé l'extension du projet et l'augmentation du volume des investissements au moment où d'autres investisseurs étrangers ont plié bagage, baissé les rideaux de leurs usines et quitté la Tunisie. Méga-projet sur 3.000 ha L'investisseur espagnol se prépare à lancer un méga-projet agricole d'une superficie totale de 3.000 ha, réparti sur plusieurs régions du pays comme le Cap Bon, le Nord-Ouest, le Sahel, le Centre-Ouest (Sidi Bouzid, Fériana) et le Sud (Gabès et Tozeur). La convention a été signée en juillet 2011 avec l'Agence de promotion des investissements agricoles (Apia), pour un volume global d'investissement de 169 millions d'euros et 25.000 offres d'emploi directs, dont 10% de cadres techniques (ingénieurs et techniciens). Le projet, s'étalant sur sept ans, se base notamment sur l'utilisation des eaux géothermales pour la production de primeurs, de cultures maraîchères de saison, de fruits rouges (fraise, framboise, myrtille et mûre), de fruits à noyau (pêches, abricots), d'agrumes (oranges, mandarine, pamplemousse, citron) et autres. Le tout destiné à l'exportation dont 90% à destination de l'Allemagne et de l'Autriche. Ce volume important de production va nécessiter la construction de quatre centres de conditionnement, respectivement à Gabès, Regueb, Korba et dans les environs de Tunis. Extensions successives du projet initial et augmentation des salaires L'investisseur espagnol n'est pas à sa première initiative d'extension de son projet initial, à savoir le partenariat, en 2008, avec le Tunisien Adel Tlili, patron de « La cinquième saison », une plantation de tomates fraîches sous serre chauffées par les eaux géothermiques, dans la région d'El Khébaïet, délégation d'El Hamma, gouvernorat de Gabès. D'une superficie de 60 ha, le projet de partenariat tuniso-espagnol s'est distingué par l'intégration des dernières techniques de production sous serre basées notamment sur la valorisation des eaux de recyclage, la lumière artificielle, l'augmentation de la teneur en CO2 et l'énergie thermique des eaux géothermiques. Le projet produit 300 tonnes de tomates à l'hectare et emploie un millier d'ouvriers (40 ingénieurs et techniciens). En 2011, malgré la conjoncture exceptionnelle de la Tunisie post-révolution et les mouvements de revendication de ses salariés, le promoteur espagnol a procédé à l'extension de sa superficie de production en aménageant 12 nouveaux hectares de serres de culture de tomates pour un montant de 20 MD, ce qui a permis la création de 208 nouveaux emplois. Une autre extension sur 18 ha est prévue pour 2013. Interrogé sur les raisons de son dynamisme en matière d'investissement malgré les craintes des autres investisseurs et les difficultés réelles existant à tous les niveaux, M. Santiago Galan ne semble pas du tout hésiter : «Nous faisons la différence entre le peuple et la politique». Et à propos des sit-in observés par leurs employés, il affirme : «Nous avons accordé une augmentation de 30% sur les salaires ; nos employés bénéficient également de la prime de scolarité, du transport, du réfectoire et de la formation». Un exemple à suivre de bout en bout. C'est en tout cas l'avis du ministre de l'Agriculture, M. Mohamed Ben Salem, qui n'a pas manqué l'occasion pour faire remarquer que «cette société donne l'exemple aux autres investisseurs autant tunisiens qu'étrangers et ce projet démontre bien, contrairement à toutes les idées reçues, que l'agriculture aussi est un domaine rentable ». Il suffit, sans doute, pour cela d'avoir le goût du risque et d'investir à la hauteur de ses ambitions. Et ce n'est pas peu.