Les structures d'appui au développement agricole au sud du pays viennent d'être enrichies par une réalisation de taille: l'entrée en activité du Centre technique des cultures protégées et géothermiques à Gabès. Ce centre est appelé à accompagner le boom que connaissent, depuis quelques années, les cultures géothermiques depuis la découverte d'eaux chaudes souterraines dans la plupart des régions du sud du pays. Sa mission sera d'apporter une assistance technique aux serriculteurs, de former les techniciens agricoles, de les informer des nouveautés qui surviennent dans le secteur et de mieux les aider à acquérir des équipements adaptés pour les serres (charpente, toiture et systèmes de chauffage, d'aération, de refroidissement, d'irrigation, de traitement et de production hors sol). Cette nouvelle structure joue, également, le rôle de conseil au triple plan de l'étude de faisabilité des serres, de leur extension et d'exploitation des ressources en eau. Il est chargé d'expérimenter et de sélectionner les variétés et greffes les mieux indiquées pour le milieu. Tout un programme. Par delà sa mission, ce centre ne manque pas d'enjeux macroéconomiques pour une région déshéritée comme le sud du pays. Il vient confirmer tous les avantages qu'on peut tirer de ces cultures sous serre au moins au niveau de l'emploi, de l'exportation et de la sédentarisation des communautés locales. Il faut dire que la disponibilité de ressources d'eau chaude souterraine au sud du pays est de nos jours à l'origine de l'émergence d'une nouvelle niche de développement, en l'occurrence, les cultures géothermiques. Leur avantage compétitif est simple. A la faveur de ces eaux chaudes, les serres chauffées en permanence produisent plus et à des dates où les marchés européens sont demandeurs. Selon les experts, la production est de 20 à 50% supérieure à celle des serres normales. Par exemple, une serre chauffée produit 6 à 8 tonnes de tomate ou 4 tonnes de melon contre, respectivement, 4 et 3 tonnes en culture sous serre non chauffée. Il s'agit d'une véritable manne pour l'emploi des habitants des gouvernorats du sud. Les experts du marché du travail agricole estiment l'employabilité des cultures géothermiques à plus de 1.000 journées de travail à l'hectare contre 250 journées pour le maraîchage de plein champ. A l'export, la vente à l'étranger de primeurs produites par les serres du sud est une affaire fort rémunératrice. Les cultures géothermiques permettent d'obtenir une précocité de quatre à six semaines par rapport aux productions du nord de la Méditerranée. Les primeurs, melons et pastèques d'arrière-saison, arrivent sur le marché dès le mois de décembre, alors que les primeurs ne sont mûres en Europe qu'entre le 15 février et début mars. A titre indicatif, ces cultures ont pour mérite de produire une tomate d'excellente qualité. Une bonne qualité gustative de ce fruit est attribuée essentiellement à la quantité d'acides et de sucres contenus dans ce fruit. Autant de composantes qui en font un fruit aux qualités diététiques et médicales certaines. La consommation d'une tomate par jour serait la meilleure prévention du cancer de la prostate. D'un point de vue économique, la tomate irriguée par les eaux géothermiques est un créneau porteur. Pour preuve, le kilogramme de tomate produite dans les serres d'El Hamma, Chenchou, El Khebayat et Ben Ghilouf (région de Gabès), se vend, aujourd'hui, à, 5 euros (environ 9 dinars) en Europe, soit presque dix fois le prix d'une tomate vendue localement. C'est pour dire qu'il s'agit d'une véritable manne que les investisseurs locaux et étrangers, de plus en plus nombreux, s'emploient à exploiter et à valoriser. Last and not least, les cultures géothermiques, pour peu qu'elles soient érigées en secteur stratégique structurant, est en mesure d'aider le gouvernement à sédentariser les communautés du sud et à dissuader l'exode rural et une émigration interne périlleuse pour l'équilibre des grandes villes.