• Leur grogne allant crescendo, les taxistes menacent de repartir en grève «C'est un métier qui agonise et qui n'a plus d'avenir», lance, dépité, un vieux taxiste qui jure avoir décidé de prendre sa retraite anticipée dans les tout prochains jours. Visiblement exaspéré et indigné, il dénombre les raisons de son «forfait»: «Hausse galopante des taxes, piteux état des chaussées, concurrence de plus en plus déloyale et puis invasion incontrôlable des intrus, sans compter la montée d'un nouveau phénomène, celui des braquages». Et notre interlocuteur, subitement nostalgique, de faire machine arrière, en rappelant que «notre profession était, par le passé, prospère, solidement structurée et donc tentante. On gagnait bien notre vie et n'avaient droit au permis de taxiste que ceux qui le méritaient. Rien à voir avec l'anarchie et le chaos d'aujourd'hui». A qui mieux mieux De toute façon, ces propos désabusés sont partagés par la plupart des taxistes qui, à l'unisson, font état d'une fuite en avant entamée au lendemain de la révolution, avec l'émergence, brusque et fulgurante, d'une nouvelle race de taximen... Fraîchement sortis des prisons et, parbleu, circulant sans permis, profitant ainsi largement du manque de sécurité ! «Le plus bizarre, déplorent les plaignants, est que ces intrus courent encore, en dépit d'un regain d'embellie, en matière de sécurité dans le pays». Qui blâmer alors ? Les agents de la circulation ? Ou les propriétaires des taxis qui engagent des repris de justice? Ou les deux parties à la fois ? Un peu plus loin, autre constat de grogne : l'invasion des taxis collectifs communément appelés «Annakl Errifi». Exerçant, avant la révolution, dans les circuits ruraux conformément à la loi réglementant leur secteur, ces véhicules ont aujourd'hui envahi, en toute impunité, les villes, faisant main basse sur la clientèle des taxis jaunes, avec tout le manque à gagner qui s'ensuit. Et dire que le nombre de ces «envahisseurs» ne cesse de monter crescendo. Advienne que pourra ! Et comme un malheur n'arrive pas toujours seul, voilà un énième phénomène qui s'amplifie, à savoir celui des voitures privées qui pointent dans les stations de bus, de louages et de la gare et même devant les aéroports à la recherche de passagers. Ceux-ci, pressés de rentrer, sont alors embarqués, selon un tarif à fixer...à l'amiable ! Renseignements pris, les propriétaires de ces voitures, tout à fait étrangers au secteur des taxis, sont des fonctionnaires et, pour certains, des policiers ! Tout cela ne suffisant pas à leur peine, nos taxistes crient également à l'injustice, suite au refus des autorités d'augmenter le tarif du compteur au départ. «Cela fait quatre bonnes années que ce tarif est resté inchangé, au moment même où les différentes taxes qu'on nous inflige à satiété continuent d'augmenter», déplore un taxiste très en colère. Dès lors, ce n'est pas un hasard si l'on entend, ces jours-ci, des...bruits de bottes dans les milieux de nos taximen où repartir en grève n'est plus une menace voilée.